Première
Alex Lutz se déploie avec bonheur depuis plusieurs années sur plusieurs fronts. Télé (Catherine et Liliane), théâtre (des seuls en scène brillantissimes) et cinéma bien sûr, devant comme derrière la caméra, avec notamment le génial Guy. Et en s’attaquant, après Leurs enfants après eux des Boukherma, à une adaptation cinématographique d’un roman de Nicolas Mathieu, Lutz se lance un nouveau défi, entouré d’un beau casting (Mélanie Thierry et Bastien Bouillon dans un rôle proche de celui de Partir un jour en tête) mais loupe hélas la marche. Car desservi par un matériau faible, le réalisateur échoue à donner une singularité à ce récit de retour aux sources provinciales sur fond d’adultère et de nostalgie.
À Paris, Hélène ne trouve plus de sens dans son travail. Elle fait un burn out et déménage. Retour à Nancy, la case départ. Un soir, sur un parking, elle retrouve Christophe, hockeyeur qui les faisait toutes rêver au lycée, et qui contrairement à elle, est resté ici. Connemara est donc porté par le souffle de deux vents contraires : d’un côté, un beau terrain de jeu pour les acteurs, et de l’autre, un scénario désincarné, où rien ne semble prendre en consistance, des milieux sociaux décrits à l’adultère consommé. Lutz ne parvient en fait jamais à gommer cette impression ressentie à la lecture du livre que Mathieu surplombait ses personnages, créant par ricochet un regard maladroitement et involontairement méprisant sur la France provinciale. Lutz aurait dû oser aller plus loin dans la trahison de l’œuvre originale.
Nicolas Moreno