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Si "Hippocrate" parvient à ses fins, c’est en grande partie grâce à ses acteurs, Vincent Lacoste, mais surtout un formidable Reda Kateb, accompagnés de Jacques Gamblin et Marianne Denicourt. (...)
Vue de l’intérieur sans être documentaire, mais porté par une réelle dramaturgie, "Hippocrate" est une belle perle à ne pas rater. -
À la fois radiographie du monde contemporain et « coming of age » en milieu hospitalier, HIPPOCRATE n’est peut-être pas un grand film éblouissant. Mais il redore, à sa manière et intelligemment, le blason du cinéma français en ajoutant ce qu’il faut de fiction et de précision à la toute-puissance du réalisme.
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ce film très vivant combine adroitement les plaisirs d'une comédie avec l'exigence d'un état des lieux de l'hôpital public.
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Le réalisateur Thomas Lilti sait de quoi il parle : il est médecin, et cela se voit. La peinture du milieu hospitalier au travail - entre stress, déconnades, solidarités et rivalités - sonne juste. (...) Mais, à chaque fois, il en revient au mal profond de la médecine française : le manque de moyens techniques, financiers, la recherche du profit, et les dégâts violents sur le personnel traitant et les malades, principales victimes. On ne peut donc que saluer cet équilibre réussi entre un souci de cinéma - la fiction, les personnages -, et le réalisme d'un regard juste et implacable, qui est un véritable cri d'alarme sur un milieu en détresse.
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par Christophe Narbonne
Toutes les critiques de Hippocrate
Les critiques de la Presse
Benjamin commence son internat de médecine dans le service dirigé par son père, brillant mais peu disponible. Aux illusions du début succèdent les doutes, les fautes et l’impression de ne pas être à sa place. Oubliez
Dr. House : la médecine hospitalière, la vraie, celle de tous les jours, est pratiquée par des gens normaux qui accomplissent des gestes routiniers et qui doivent se coltiner de la paperasse. Pas de superhéros du scalpel donc ni de Sherlock Holmes du diagnostic dans le deuxième film de Thomas Lilti, médecin de formation qui s’est inspiré de ses années d’internat pour livrer l’état des lieux d’un secteur qu’il connaît bien. Et le constat fait un peu froid dans le dos, entre les problèmes de matériel, défectueux ou manquant, le surmenage du personnel soignant, le cloisonnement des services au détriment des patients... Le documentaire se mêle à la fiction comme aux plus belles heures de la série Urgences, avec une caméra sans cesse en mouvement, des acteurs investis, des dialogues précis, des enjeux dramatiques à chaque coin de brancard. Sous le couvert d’un film initiatique et d’émancipation (pas forcément ce qu’il y a de plus réussi), Hippocrate pousse un cri d’alarme à propos de ce pilier de la République qu’est l’accès gratuit aux soins, menacé par le corporatisme mesquin et la méritocratie à la carte. Le personnage le plus intéressant de l’histoire n’est-il pas Abdel (formidable Reda Kateb), ce médecin étranger obligé de repasser par l’internat pour obtenir son équivalence ? D’abord arrogant, mais toujours sincère et droit, produit de la mondialisation, il finit par incarner le futur d’une institution malade obligée d’inciser ses fondamentaux, de s’ouvrir littéralement aux autres pour demeurer opérable. Et opérante.
Le film a reçu le Valois d'or au dernier festival film francophone Angoulême. Récompense méritée car l'histoire est plus proche d'"Urgences" que de "Grey's Anatomy" : oubliez le glamour, découvrez la réalité du monde hospitalier.
Caméra à l’épaule, il suit au plus près le quotidien des praticiens, n’hésitant pas à filmer aussi bien l’ambiance potache de certaines fêtes entre collègues que les plus graves cas de conscience, qui posent bien des questions sur la gestion de la fin de vie. Dans un souci d’authenticité, le cinéaste a fait appel à des vraies infirmières pour jouer dans son film, qu’il a tourné dans l’hôpital où il exerçait lorsqu’il était médecin.(...) Si l’on a parfois l’impression de se retrouver devant l’un des reportages précités, la force du propos emporte l’adhésion.
Démarré comme un "buddy movie" -malgré l'antagonisme initial entre Abdel et Benjamin, on sent bien que ce sera le début d'une grande amitié-, le film bifurque mine de rien vers un état des lieux de la médecine en général et de l'hôpital public en particulier.
Alimenté aux codes des "Urgences" et autres "Docteur House", la plongée dans le milieu médical a été pas mal abandonnée par le cinéma français. Le cinéaste Thomas Lilti ne propose ici ni un brûlot, ni un délire potache sur cet univers. Juste un regard simple et sensible sur le monde de l’hôpital à travers les yeux d’un jeune médecin qui débarque avec ces incertitudes et ses angoisses. Il s’attache au réalisme de son sujet, soigne ses dialogues, filme certaines scènes comme un documentaire et rend compte de l’aspect hétéroclite des lieux en multipliant les ambiances. La distribution est d’une très haute tenue.
Quand un médecin raconte la vie d'un hôpital, cela donne un beau film qui balance entre sourire et crise de nerfs. Reda Kateb et Vincent Lacoste y sont formidables. "Hippocrate" est à l'image de ce nouveau cinéma français qui se rapproche des préoccupations des gens sans plomber le sujet. Décomplexé, sans misérabilisme, léger dans le grave, ultra bien joué. Du travail sacrément bien soigné.
Thomas Lilti, à qui l’on doit le scénario de Télé gaucho, connaît son sujet sur le bout des doigts. Son fi lm est à l’hôpital ce que que Polisse, de Maïwenn, est à la police : une immersion réaliste sans concessions et passionnante, à hauteur d’homme. C’est grave, docteur ? Plutôt. Mais pas désespéré.
Thomas Lilti, médecin, balade sa caméra dans les couloirs de l'hôpital et livre un regard critique et désenchanté sur cette vocation qu'il qualifie de "malédiction". Sur le fil entre comédie et drame, ce film d'une originalité rare vient de recevoir le Valois d'Or, premier prix du festival d'Angoulême.
Réalisme, sens du dialogue et richesse des rôles secondaires font d'Hippocrate une comédie sociale réussie sur l'hôpital d'aujourd'hui.
Boosté par un arrière-plan documentaire, un film à suspense sur le milieu hospitalier nourri de l’expérience du réalisateur. Par une mise en scène fonctionnelle et inspirée, et grâce à un casting excellent (notamment les personnages secondaires), Lilti offre le portrait ambivalent d’un univers aseptisé seulement en surface, où romanesque et comique ne cessent de poindre entre les coutures du film-dossier. Sans doute pas le choc formel de l’année, mais un modèle de cinéma populaire qu’il convient de saluer.
Une éducation sociale nourrie par la description réaliste des conditions de travail et un dosage d'humour et de noirceur qui évoquent Ken Loach.
Une comédie acide sur les désillusions d'un jeune interne dans un hôpital en crise. Précis, romanesque et solidement interprété. (...) Le film trouve la bonne distance pour décrire l'hôpital comme une microsociété de castes, où des médecins étrangers, sans cesse plus nombreux, sont exploités par leurs collègues français. Où le personnel soignant passe plus de temps à remplir des paperasses qu'à s'occuper des malades. Et où l'absence de lits conduit une chef de service (Marianne Denicourt, formidable) à prendre des décisions inhumaines.
Autant dire que l’expérience du praticien apporte une véracité inégalable à cette comédie grave qui, tel un encéphalogramme survolté, alterne pics de rire et vallées de larmes.
Vincent Lacoste nous convainc dans un rôle enfin "sérieux".
Toujours juste, souvent drôle, Hippocrate pose un regard acéré sur le milieu hospitalier et déboulonne quelques idées reçues véhiculées par les séries télévisées (notamment Dr House). Parmi une distribution impeccable, Vincent Lacoste et Reda Kateb, d’abord antagonistes puis complémentaires, forment un duo épatant.
Certaines bonnes idées fusent et le clin d’œil à "Dr House" en fil rouge fait marrer, mais l’ensemble manque d’un réel souffle créatif, d’un style. Dommage, compte tenu des possibilités du sujet ; on est loin de l’originalité de "Scrubs". Hippocrate, une comédie dramatique agréable, souvent drôle, parfois touchante, mais pas automatique, comme les antibiotiques.
Jamais sans doute, dans un film français, l'hôpital public n'avait été montré avec une telle justesse, une telle précision ; jamais la réalité du monde hospitalier, les problèmes auxquels doivent faire face ceux qui y vivent, qu'ils soient médecins, infirmiers, aides-soignants ou patients, n'avaient été observés avec une telle acuité. "Hippocrate", le film de Thomas Lilti, ne serait que cela, ce serait déjà formidable. Mais comme il s'agit, en plus, d'un film épatant, drôle, émouvant, intelligent, on commencera par une prescription : à voir sans tarder.
Le réalisateur, homme de cinéma mais également médecin généraliste, ne nous ménage pas. Il déclare sa volonté de rendre hommage au monde médical tout en soulignant les paradoxes majeurs de la profession, à savoir « la technologie hypersophistiquée, la précarité, le manque de personnel et de moyens. »
Cette plongée dans le quotidien d'un d'hôpital traitée sur le mode du docu-fiction souffre d'un déséquilibre entre les jeu des acteurs et l'intérêt des intrigues. Son réalisateur, Thomas Lilti, oublie tout simplement de raconter quelque chose.