Au fil de sa riche carrière étalée sur 5 décennies, l'acteur a remporté 3 César. Retour sur 10 prestations inoubliables.
Son charisme était indéniable. Aimantant la caméra avec sa moue de mauvais garçon et sa mèche blonde puis argentée. Niels Arestrup est mort ce week-end à l'âge de 75 ans, des suites d'une longue maladie, non sans avoir laissé une empreinte indélébile sur le cinéma français. Parce que son caractère brutal, parfois décrit comme agressif, a souvent défrayé la chronique. Mais aussi parce que ses performances animales, à l'humanité cinglante, ont crevé l'écran pendant un demi-siècle. Le grand comédien de théâtre fit ses armes au cinéma au début des années 1970, cantonné à de petits seconds rôles chez Alain Resnais (Stavisky en 1974) ou Claude Lelouch (Si c'était à refaire, en 1976). C'est sur le tard que Niels Arestrup s'est imposé en acteur de cinéma et de télévision incontournable. Retour sur sa carrière en 10 performances.
Le futur est femme, de Marco Ferreri (1984)
Dans cette romance psychologique étrange, moquée à la Mostra de Venise lors de sa projection initiale, Niels Arestrup vit un couple à trois avec Ornella Muti et Hanna Schygulla, dont il est l'amant. Alors jeune premier séducteur, il tient son premier rôle marquant dans ce qui deviendra avec le temps l'une des oeuvres majeures du cinéma italien des années 1980.
La Tentation de Vénus (1991), de István Szabó
Encore une fois romantique, il interprète - en Anglais dans le texte - un chef d'orchestre hongrois appelé à l'Opéra de Paris pour diriger du Wagner, et croise alors sur sa route de la belle Glenn Close, alors superstar de Liaison fatale et des Liaisons dangereuses.
De battre mon cœur s'est arrêté, de Jacques Audiard (2005)
Alors qu'il passe la cinquantaine, Niels Arestrup décroche ses rôles les plus mémorables. Notamment en père abusif et vicieux de Romain Duris, sa première collaboration avec Jacques Audiard lui vaut son premier César du Meilleur acteur dans un second rôle.
Un prophète, de Jacques Audiard (2009)
Seconde collaboration avec Audiard et nouveau César du Meilleur acteur dans un second rôle pour l'acteur qui vient d'avoir 60 ans. Dans la peau du terrifiant César, mafieux corse tout puissant dans un établissement pénitentiaire, il mène la vie dure à Tahar Rahim.
L'Homme qui voulait vivre sa vie, d'Éric Lartigau (2010)
Niels Arestrup retrouve Romain Duris dans cette adaptation du livre de Douglas Kennedy, où il incarne un vieil ivrogne français réfugié au Montenegro. Une nouvelle nomination aux César à la clé.
Cheval de guerre, de Steven Spielberg (2011)
Premier blockbuster hollywoodien pour l'acteur français, qui s'offre un rôle de prestige devant la caméra du cinéaste oscarisé. Il tournera aussi, quelques années plus tard, pour Angelina Jolie dans son film Vue sur mer (2015).
Quai d'Orsay, de Bertrand Tavernier (2013)
La passe de trois pour Niels Arestrup. L'acteur décroche son troisième César du Meilleur acteur dans un second rôle. Il y incarne le flegmatique directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères, alors que la diplomatie internationale est proche d'un conflit majeur.
Diplomatie, de Volker Schlöndorff (2014)
Nommé au Molière trois ans plus tôt pour ce rôle qu'il a tenu sur scène pendant de longs mois, Niels Arestrup reprend le rôle au cinéma du général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de Paris, qui s'apprête à détruire la capitale, à la demande d'Adolf Hitler. Son face à face avec André Dussolier est impressionnant.
Baron noir, d'Eric Benzekri (2016)
La carrière de Niels Arestrup est aussi souvent passée par le petit écran. Son dernier rôle était notamment dans Les Papillons noirs, pour Arte (en 2022). Mais avant ça, il joue le candidat de la gauche lors de l'élection présidentielle, sacrifiant son poulain (Kad Merad) pour prendre possession de L'Elysée.
Au revoir là-haut, d'Albert Dupontel (2017)
Pour l'un de ses tous derniers rôles sur grand écran, il incarne l'odieux président des maires de Paris, père indigne d'une gueule cassée. Un rôle de salaud qu'il aura encore su magnifier jusqu'à décrocher une nouvelle nomination aux César.
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