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Peut-on voir Indignados comme le manifeste officiel du mouvement des Indignés ? A moins de se muer en spectateur ultra-libéral dédaigneux, difficile de lui décerner pareille médaille. Pour une raison simple : jusqu’à l’hispanisation du titre du livre de Stéphane Hessel, Tony Gatlif préfère surfer sur l’esthétique traditionnelle de la révolte alter mondialiste plutôt que de creuser en profondeur son sujet. Lequel se réduit en une suite de clichés : ici une canette vide qui roule sur le bitume (l’errance cabossée des migrants), là une cargaison d’oranges qui dévale les pentes d’un village en Méditerranée (le printemps arabe). Tout cela est bien joli mais vraiment trop court. Gatlif mélange tout (combattants de la liberté en Afrique du Nord, victimes de la crise en Europe), occulte quelques points cruciaux – pas une image sur l’exploitation au travail des sans papiers. Pas indigne, ce tract prêche les convaincus. Sa naïveté pourrait en irriter certains.
Toutes les critiques de Indignados
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Tony Gatlif est un cinéaste. Et, quand il est bon, il est sacrément bon, comme ici, où il redouble d'imagination pour servir "sa" cause (...) les métaphores sont imparables (...) on pense à Chris Marker à Siegfried à JR...On pense surtout que Gatlif signe là un de ses meilleur film.
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Tony Gatlif ne filme qu'avec son coeur indomptable. (...) Ce film, poétique, semé de références aux oeuvres de Godard et de Chris Marker, a le mérite d'aller au-delà de la digression opportuniste ou du simple reportage.
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Caméra à l'épaule, Tony Gatlif montre superbement l'exemple dans ce doc dont les plans punchy contrastent avec l'injustice qui enlaidit peu à peu cette bonne vieille Europe.
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par Clément Sautet
Un film sur l'Europe révoltée où l'on peut se perde (...) Malgré de bonnes idées de mise en scène, la torpeur guette là où on devrait être saisi, et Tony Gatlif va jusqu'à perdre quelques spectateurs en route.
(...) ce film sincère et naïf, mi fiction littéraire, mi-documentaire tourné sur place parmi les Indignados de Madrid, inspire un certaine forme de sympathie, ce qui peut être le pire des compliments.
"Indignados" n'a d'autre propos que de maintenir le niveau d'indignation de son auteur et de ses spectateurs et il n'est pas sûr que de ce point de vue, il fasse plus d'effet que n'importe quel journal télévisé.
Poème visuel en forme de documentaire pimenté d'un fil rouge fictionnel. On pense à Miklos Jancso pour l'imagination pictural qui fait parfois mouche (...) On pense à Jean-Luc Goddard pour les surimpressions de slogans sur l'image. On voit, en résumé, beaucoup de chose naïves, que la sincérité n'excuse pas toujours.
"Indignados" n'a d'autre propos que de maintenir le niveau d'indignation de son auteur et de ses spectateurs et il n'est pas sûr que de ce point de vue, il fasse plus d'effet que n'importe quel journal télévisé.
Plutôt convaincant lorsqu’il se contente de filmer les révolutions au travail (sa veine buissonnière, la meilleure), Tony Gatlif s’abandonne encore à des séquences lyriques disgracieuses où les symboles censément poétiques clignotent à nos yeux étourdis puis aveugles.
« Indignados », porté par la rage du réalisateur depuis le discours « anti-Roms » de Sarkozy à Grenoble (juillet 2010) et tourné dans l’urgence, souffre d’un vrai manque de colonne vertébrale. Il convainc, çà et là, par ses fulgurances poétiques (...) ou sa pudeur (...).
Stimulé par le manifeste best-seller de Stéphane Hessel, Tony Gatlif prend sa caméra pour dire le sort misérable des clandestins à travers l'Europe et pour suivre un cortège d'Indignés en Espagne. Du ciné-tract véhément, mais aussi naïf et monocorde.
(...) ce film à fleur de peau, à fleur d'image et assourdi de musique, pâtit d'être trop brouillon quand il ne s'englue pas dans d'interminables séquences.
Sympathique et foutraque, Indignados a un peu trop tendance à dire que l'on a raison d'avoir raison contre les méchants capitalistes sans véritablement réfléchir sur les causes de l'exténuation rapide de ces mouvements habités par un vrai humanisme mais politiquement désorganisé.
Inspiré par Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, Tony Gatlif dresse un portrait de notre époque en crise. Hélas plus préoccupé par l'énergie contestataire qu'interroger les mouvements du monde, ne ressort de cet Indignados qu'un essai approximatif et affligeant.