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Peter Berg, qu'il est grand temps de considérer comme un cinéaste sérieux après trois longs plus qu'honorables, insuffle à sa fiction une énergie démentielle en filmant les événements comme dans un documentaire,à mesure qu'ils surviennent. Avec un sens de l'espace impressionnant, il rend compte de la difficulté d'évoluer dans un milieu urbain hostile.
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On ressort de ce Royaume avec un sentiment partagé. Pourtant, dès le générique, très dense, très intelligent, on imaginait combien ce film évoquant l’actualité terroriste pourrait se révéler passionnant. Le sujet au final n’est que survolé et les liens entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite évoqués plus que traités. Choc de cultures avant tout, traité de façon politiquement correcte d’un point de vue d’Européen, ce Royaume nous montre de terribles images de fusillades où la violence mise en scène ne succombe pas au chant des sirènes de l’esthétisme à outrance. La marque Michael Mann en quelque sorte. Pourtant le film de Peter Berg n’est pas un film d’action. Ni une œuvre à vocation politique ou dénonciatrice. Juste un film qui, en flirtant avec différents genres perd de son identité et laisse songeur plus qu’il enthousiasme.
Toutes les critiques de Le Royaume
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
Ce qui'il ya de vraiment réussi dans Le royaume, c'est son scénario tout sauf manichéen. Pas de langue de bois en ce qui concerne l'interventionnisme des Etats-Unis, gendarme du monde, ainsi que ses intérêts économiques de premier consommateur de pétrole dnans la région du Moyen-Orient. Pas de gentils d'un côté ni de méchants de l'autre. Cette absence de parti pris donne au spectateur la liberté de se faire une opinion sur une question complexe.
- Le Mondepar Jean-François Rauger
Produit par Michael Mann, Le Royaume est un efficace film d'action plutôt bien réalisé. A cet égard, l'attentat du début du film est effrayant par sa vraisemblance. Comme dérouté par son dispositif (il est si simple de venir à bout d'Al-Qaida), le film préfère se terminer avec un léger sentiment d'inachèvement. On attend la suite et celui qui trouvera le moyen de dépasser les clichés.
- Fluctuat
Produit par Michael Mann, dont on cerne encore mal tout son intérêt pour le projet, Le royaume se cherche entre thriller et film d'action de l'après 11-Septembre. Malgré son climat d'insécurité permanente parfois saisissant, on est gêné par un récit finalement convenu et surtout une utilisation limite des images nées pendant l'ère moderne du terrorisme.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaLa crise irakienne profite à Hollywood. Le bourbier de l'armée américaine, le retour des Gi's au pays entre quatre planches ou mutilés, la politique de Bush, la guerre contre le terrorisme, le conflit pétrolier et ses multiples intérêts économiques nébuleux, la montée de l'Islam, autant de sujets qui nous ramènent à une même prise de conscience du cinéma américain, qui n'analyse jamais mieux sa politique internationale qu'en temps de situation désespérée à l'étranger. Les films commencent donc à pleuvoir, surtout en cette rentrée où l'on pourra voir très bientôt le Robert Redford, Lions for Lambs, le Paul Haggis, Dans la vallée d'Elah, ou encore, pour février, le nouveau Brian De Palma, Redacted. 2007 ou l'année de l'éveil, l'heure de la réponse. Tout porte à croire a priori devant les premières images du Royaume de Peter Berg (Bienvenue dans la jungle, inoubliable), que le film trouve sa place dans ce revival du cinéma politique américain. Trompe l'oeil, mirage, Le Royaume s'empare d'un contexte, le détourne, et l'utilise en apparence comme simple espace de fiction, un pur prétexte. Ici, aucune volonté de révéler, de réveiller un sens critique, pas de militantisme (d'un bord ou de l'autre), seulement ce qui se donne comme un pur thriller, dans une réalité d'aujourd'hui, à travers un contexte politico-économique et religieux déterminé.Le Royaume fait un peu partie de ces histoires à la Tom Clancy où l'on s'inspire de diverses situations géopolitiques réelles, mais suffisamment romancées pour délivrer un parfait cocktail d'action et de simili réflexion sur l'état du monde. Chez Peter Berg, direction le Moyen-Orient, Riyad, Arabie Saoudite. Heureusement, au cas où votre connaissance des liens qui nouent les Etats-Unis à l'Arabie Saoudite depuis bientôt un siècle laisse à désirer, le film a prévu pour vous en trois minutes chrono, le temps du générique, un parfait petit topo. Dans un montage MTVesque au possible, avec plein d'effets graphiques stylisés, on nous dresse un bilan encore mieux qu'un abrégé du bac. Une fois briefé, on peut rentrer dans l'action : des terroristes commettent un attentat monstre dans une enclave occidentale de Riyad où résident en famille des employés de diverses compagnies pétrolières. Gros incident et gros problème diplomatique : les Américains veulent mener l'enquête, mais ils sont persona non grata en Arabie Saoudite, ils sont même franchement haïs, islamisme oblige, entre autres. Mais rien n'arrête l'inspecteur du FBI Ronald Fleury (Jamie Foxx) qui part sur place avec son équipe malgré les risques encourus et sans l'assentiment de tous ses supérieurs hiérarchiques.Sur place, c'est un peu Les Experts à Riyad. A chacun sa compétence : là un expert en explosif, ici une autre en médico-légal (Jennifer Garner), et Jamie Foxx pour mener la troupe et faire évoluer l'enquête en compagnie d'un sidekick local (Ashraf Barhom), chef de la police au départ pas franchement collaboratif avec les ricains (bons vieux préjugés). On commence donc tendu, avec une enquête bloquée de partout, des flics quasiment menottés, obligés de subir une surveillance permanente de la police locale. Mais si l'évolution du récit est prévisible parce que finalement très banale (sorte de décalque mou d'une quelconque série télé policière), Peter Berg réussit au moins une chose : filmer un pur climat d'hostilité. La petite bande du FBI fait tâche, tous les regards convergent sur elle, le danger est omniprésent, on ne sait jamais d'où il peut venir, une vraie cocotte minute. Pour ne pas être suivi, il faut rouler à 200 kmh dans d'énormes 4/4 noirs, chaque portion de territoire, en dehors de l'enclave occidentale cernée par l'armée, semble promise à une mort assurée. Il n'y a pas de salut, même dans une éventuelle profondeur de champ, toujours bouchée, saturée, créant davantage qu'une sensation anxiogène, une réelle tension, ce sentiment qu'il y a des lieux où nous, occidentaux, sommes très loin d'être les bienvenus. Le final - grande fusillade haletante et tendue dans un quartier où se planquent les terroristes - est à ce titre saisissant, le danger se cachant de partout, derrière la moindre fenêtre anodine, avec des proportions démentes.Mais il ne faut pas se tromper, si Berg marque un point avec ce climat d'insécurité et d'agressivité qui transpire à chaque plan, ce n'est pas par l'inventivité folle de sa caméra, qui se contente souvent de s'agiter en héritière de Paul Greengrass ou de 24 (pour aller au plus récent). Efficacité donc toute relative et d'autant plus relativisée par ce qui dérange dans Le Royaume. Le coup du sidekick local avec qui Foxx finit par faire ami-ami, passe encore. C'est du tout cuit, précuit même, un patron de scénario livré clé en main. Les noms et fonctions des personnages apparaissant au début du film, pour le côté factuel et réaliste, c'est inutile mais comme on est indulgent, on oublie vite. Le malaise, il arrive durant le final, dans la planque des terroristes où un membre de l'équipe de Foxx s'est fait kidnapper. Le Royaume joue avec notre imagination, notre interprétation de l'actualité vue à travers les médias, la télévision, Internet, etc. Il utilise donc des faits, connus de tous, comme l'utilisation de la vidéo par les terroristes pour filmer leurs actes, et notamment les décapitations d'otages. Ainsi lorsque le film crée un suspens d'une violence inouïe autour de la décapitation du flic kidnappé, avec une complaisance douteuse dont l'échappatoire invite naturellement à désirer la mort rapide des terroristes, on est mal, c'est plus que limite. Au final donc, étrange film que Le Royaume, qui prêche d'abord pour une conciliation possible, une entente avec l'autre (symbolisé par Foxx et le flic local), et qui à l'arrivée se termine par un constat radical et alarmiste lors du dernier dialogue. En résumé et sans rien dévoiler, chacun à ses raisons de vouloir la mort de l'autre, la guerre continue.Vite, un billet pour la première île déserte. Le Royaume
De Peter Berg
Avec Jamie Foxx, Jennifer Garner, Chris Cooper
Sortie en salles le 31 octobre 2007Illus. © Paramount Pictures France
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