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Étrangement goguenard au sein d’une série qui jouait la carte du sérieux le plus absolu depuis 2006, Mourir peut attendre est très convaincant quand il envisage -enfin !- de nouveau James Bond comme un film essentiellement très distrayant. Le problème est de rester distrayant pendant 2h43 (on compte le générique dedans). Or, sur ce point, c’est clairement loupé. Une séquence en Jamaïque où Daniel Craig, mutique, est plus présent que jamais, puis une séquence d’action formidable à Cuba avec une Ana de Armas vraiment géniale en apprentie espionne pleine de surprises. Et là...
Revenons au début. Après un générique bordélique sans véritable idée directrice, et une heure formidablement efficace, la puissance de la franchise reprend ses droits -tout en restant curieusement très chiche en termes d’action pure-, écrase littéralement Craig, et donc ce qui faisait la force de ses Bond : son individualité. Cerné par les seconds rôles plus ou moins inspirés (Lashana Lynch est une excellente sidekick, tandis que Ben Whishaw et Ralph Fiennes semblent lessivés), Craig disparaît peu à peu sous nos yeux, et le film se déroule, interminable, comme un clone de Mission : Impossible. Le tout jusqu’à sa conclusion avec Grand Méchant Diabolique & Savant Fou Russe dans une Base Secrète menaçant le Monde. La franchise est bel et bien de retour, plus forte que jamais, comme à la fin de 007 Spectre où Blofeld menaçait le monde en sandales et pyjama Mao dans sa cachette du désert.
Truffé de répliques méta pour bien souligner que la fin est là, sous nos yeux ("letting go is hard", grogne Craig, ou encore "dommage, j’étais un gros fan" comme le déclare un bad guy croyant avoir descendu 007), Mourir peut attendre tente également d’avoir la stature d’un monument romantique, tragique. Pour cela, le film convoque les citations littérales, surtout musicales, de Au service secret de Sa Majesté, le seul Bond -avec bien sûr le Casino Royale de Craig, et la fin de Skyfall- qui soit parvenu à atteindre le plus haut degré d’émotion. A la fin, le sentiment que provoquera en vous Mourir peut attendre dépendra plus de votre attachement à une franchise qu’à un acteur. Est-ce que c’est une bonne nouvelle ? Pour l’industrie, évidemment oui. James Bond reviendra, plus personne n’en doute