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par Emilie Lefort
Toutes les critiques de Sex and the City 2
Les critiques de la Presse
Pour cette nouvelle aventure, les 4 fashionitas New Yorkaises nous entraînent à Abu Dhabi. La scène d’ouverture met l’eau à la bouche - avec Liza Minelli interprétant Single Ladies - mais le reste du film ne suit pas. Ces 2h26 paraissent parfois interminables enchaînant dialogues creux (pourtant la marque de fabrique de la série) et séquences baclées. Le pire, c'est peut-être le message : derrière les péripéties amoureuses et les caméos de star, les scénaristes tentent de glisser quelques réflexions sur la condition de la femme dans les pays arabes - le port du voile ou la misogynie sont donc abordées entre deux spots de pub pour les cosmétiques ou les marques de fringues. Sex and the City 2 reste toujours aussi glamour, mais avec l’humour en berne et la leçon de morale en plus, on a du mal à se laisser porter par ce trip girly.
(...) ce deuxième volet joue à fond la carte du mauvais goût.
Et c’est ça qui est drôle. A Manhattan comme chez nous, le temps file. Ex-ennemis intimes, Stanford et Anthony s’offrent un mariage gay façon Lady Di revue par Lady Gaga, avec cygnes blancs, chorale de beaux gosses et Liza Minnelli en grande prêtresse. Pour les filles, tout roule ou presque, sauf que Big rêve de pantoufler, avec option télé dans la chambre, alors que Carrie panique à l’idée de finir en Bidochon. D’où sa joie quand l’insatiable Sam — Kim Cattrall, décidément épatante — embarque sa bande en voyage d’affaires à Abu Dhabi… Là, le film tourne un peu à la carte postale, genre « Bons baisers des Emirats arabes unis », mais passé quelques longueurs, on se régale. Justement parce que « Sex and the City 2 » se vautre dans la vulgarité, tendance « ultra bling-bling ». Et aussi parce qu’on ne se souvient pas avoir jamais admiré ailleurs une héroïne de la trempe de Samantha, la quinqua sexy, nympho même, qui vole la vedette à toutes les autres
C'est parfois très drôle (la ménopause de Samantha alimente une série de gags à hurler de rire), parfois lourd. C'est toujours très laid, le film opérant un long crescendo dans l'outrance, qui culmine sur le capot d'un 4 × 4 noir où Samantha se fait prendre par un bel étalon poivre et sel, pantalon sur les chevilles, pendant qu'éclate un gigantesque feu d'artifice. (...) Michael Patrick King est aussi doué pour les sitcoms que peu inspiré lorsqu'il s'agit de cinéma. Et le talent de ses actrices est mieux servi par le rythme trépidant de la série que par la durée d'un long métrage. Bref, la qualité du film est à l'image de son propos : de mauvais goût. Et c'est cela aussi qui en fait l'intérêt.
Au final, cette superproduction de 100 millions de dollars prend la forme d'un gros loukoum bien sucré. Pas déplaisant, mais un rien bourratif !
Les copines de la série télé «Sex and the City» s'envolent vers les Emirats arabes unis pour le deuxième volet de leurs aventures sur grand écran, toujours dirigées par Michael Patrick King. Carrie, Charlotte, Samantha et Miranda font leur show dans des tenues difficiles à porter dans le métro.
Surtout les dames ont mis une sacré dose de tonic dans leur gin. Mariées et/ou maman, elles ont perdu de leur liberté de ton en passant par la case ciné.
Le film, objectivement hideux et dont l’héroïne principale (Sarah Jessica Parker) ne fait pas le poids face à ses trois acolytes (mention spéciale comme d’habitude à Kim Cattrall), provoque mollement des situations paroxystiques qui atteignent leur sommet lors d’une explosion de fureur des filles coincées dans un souk tenu par des intégristes. La morale est mi-débile mi-pragmatique (seule la mode sauvera le monde des ayatollahs), mais une certaine joie d’être ensemble, arrachée à l’écoeurante richesse du film, perce par moment.
C'est dans ces passages si tartignoles qui feraient regretter le pire des années 1980 (même Liaison fatale passerait pour un brûlot d'amoralité à côté) que Sex and the city 2 se révèle le plus tristement cucu la praline. Mais il y a pire : ce moment d'épouvante pure que constitue l'apparition en guest de Liza Minnelli, sorte de croisement monstrueux entre Brigitte Fontaine et Zizi Jeanmaire en pleine action. Rien que pour cette parenthèse cauchemardesque, Sex and the city 2 ne mérite aucune pitié.
Pas méchantes pour un sou, mais carrément cruches, elles sont l’incarnation vivante de l’adolescence irresponsable qui se refuse de grandir dans un monde de brutes où tout voudrait ramener ces Cendrillon sottes à la réalité... A quoi bon épiloguer sur le contenu, les affiches parlent d’elles-mêmes, mais posons nous plutôt la question : dans 20 ans, à quoi ressemblera cette kitscherie pseudo mode, entièrement centrée sur elle-même et empreinte d’une fascination effarante pour les signes extérieurs de richesse, le bling bling, le superficiel, la réussite sociale par l’oisiveté et le gaspillage crasse ? Au final, malgré le personnage 100 % nympho de Samantha et un message féministe à double tranchant à l’égard de la condition de la femme au Moyen Orient, l’adaptation pseudo cocasse est bien conservatrice, et les mentalités aveugles de l’ultra-capitalisme promulguée ici courrouceront n’importe quel écolo ou tout spectateur porté sur le réalisme social. Honnêtement loin de la fraicheur de la série initiale, Sex and the city 2 est devenu sur grand écran une autoparodie où l’étalage ostentatoire de parures et les défilés de tenues chic rappellent plus une sinistre danse macabre qu’un joyeux carnaval.
Mais le pire dans Sex and the City 2 n'est pas la médiocrité des enjeux, qui s'étirent tout de même sur près de 2h30. Ni leur évolution, ou la structure générale, plus fluide que le précédent. Ce qui ne pardonne pas, c'est ce long détour par Abou Dhabi. Les stéréotypes culturels s'empilant à la chaîne pourraient vaguement passer sous prétexte de naïveté (et encore). Mais voir Sarah Jessica Parker et sa brigade de pouffiasses botoxées s'enliser dans un simili néo-colonialisme, frôler les blagues racistes, ou encore s'extasier devant le fait que sous leur Niqab les femmes portent aussi du Vuitton, posent un peu problème. Tenté par la provocation, le film dresse un parallèle étrange entre l'armée américaine apportant ses valeurs démocratiques en terre musulmane, et un pseudo féminisme qui emploierait les méthodes de l'attentat pour faire éclater à la tronche de tous les intégristes (ou non) une libération sexuelle concrétisée par le corps. Faire un tel bras d'honneur, pourquoi pas (bien que les scènes soient souvent aberrantes), mais faut-il encore voir où il mène.