Première
Que reste-t-il du cinéma d’action hong-kongais, lui qui participa à faire de la péninsule l’un des épicentres du cinéma international à partir des années 1970 ? D’abord, des stars : Jackie Chan et Tony Leung, stars du box-office d’hier qui convertissent avec un tout petit peu d’élégance la nostalgie de leur image passée en une intrigue actuelle (des braqueurs échappent à la police, notamment grâce à leur maline utilisation de l’intelligence artificielle). L’un côté police : Jackie Chan (qui sort de sa retraite pour l’occasion) ; l’autre côté voleur : Tony Leung Ka-fai (en chef des méchants qui passera la main après un dernier casse). Il reste encore du plaisir dans cette grandiloquence revendiquée : des scènes d’action toujours plus invraisemblables pour une mise en scène sans limites, jouant en permanence avec la frontière de l’illisible. Le film ne cherche donc jamais à inventer la poudre, il préfère la mettre aux mains de son casting de luxe, quitte à empêcher une nouvelle génération d’acteurs (et surtout, d’actrices) d’advenir. Mais par des séquences qui jouent (un peu trop) sur la durée, il multiplie les malins dispositifs pour faire monter la tension , dont une filature palpitante à travers un marché, qui se transforme ensuite en repas improvisé entre voisins, les couteaux cachés sous la table. Le film fait donc sa part honnête du travail, mais il pose une question épineuse. Que deviendra ce cinéma d’action hong-kongais précisément, quand toutes ses stars nous auront quitté ? Larry Yang n’en a sûrement pas la réponse.
Nicolas Moreno