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On le pressentait à sa sortie voilà trois ans et Vie privée en apporte la confirmation. Il y a dans le cinéma de Rebecca Zlotowski, un avant et après Les Enfants des autres, sa plus belle réussite à ce jour, la première fois où elle a osé fendre l’armure, laissant un romantisme échevelé et une émotion à fleur de peau prendre la place d’une cérébralité jusque là dominante. C’est de cette brèche que naît Vie privée, son film sans doute le plus déroutant à ce jour. Celui où ce que ses personnages vivent à l’écran – cette difficulté à distinguer le vrai du faux – dialogue avec la manière dont lui- même se métamorphose au fil du récit. Dans son entame, Vie privée a en effet des allures de Cluedo, dans les pas de Lilian, une psychiatre reconnue qui se persuade à la mort soudaine de l’une de ses patientes qu’il s’agit d’un meurtre et décide de mener sa propre enquête. Sauf que peu à peu, cette traque du tueur va se muer en comédie, assumant un côté burlesque voire totalement perché - notamment dans des scènes d’hypnose qui ont perdu en route des membres de la rédaction de Première - avant de prendre sa véritable forme. Une vraie comédie de remariage, née des péripéties que Lilian traverse avec son ex- mari ophtalmo, partenaire devenant de plus en plus impliqué dans son enquête. Il y a dans ce geste une infinie malice, celle qui caractérise le duo que forme Jodie Foster (dans son premier film français depuis Un long dimanche de fiançailles) et Daniel Auteuil, particulièrement généreux, inventif et ludique dans chacune de leurs scènes. Leur complicité crève l’écran.
Vie privée


