1/ La mère absente
Nobody Knows (2004)
Rien dans les trois films précédents de Kore-Eda n’annonçait les enfants abandonnés de Nobody Knows, essayant de survivre dans un petit appartement de Tokyo. Pour eux, la cellule familiale devient de fait un lieu clos sans espoir de sortie, en attendant une mère qui ne reviendra plus. Sujet costaud, enfants ahurissants, mise en scène claustro : un choc dévastateur au Festival de Cannes 2004.
2/ Le fils disparu
Still Walking (2008)
Kore-Eda trouve définitivement sa voie/voix dans ce film somptueux sur un homme amenant sa nouvelle femme et son fils chez ses parents, dans une maison hantée par le souvenir d’un frère mort. Lieu à la fois trop ordonné et définitivement dérangé où chacun cherche sa place, la maison est pleine de souvenirs, de chagrin, d’amour et de fantômes. Comme toutes les maisons ? Sans doute, oui.
3/ Les frères séparés
I Wish (2012)
Des parents divorcent, le fils aîné vit avec sa mère à la montagne, le fils cadet en ville avec son père. Éloignés malgré eux, ils se donnent rendez-vous à mi-chemin, là où des trains se croisent et, dit la légende, exaucent les vœux des enfants. Un mini-poème dont le studio Ghibli aurait pu tirer un chef-d’œuvre animé. Mais en live c’est bien aussi.
4/ Les enfants échangés
Tel père, tel fils (2013)
Jusqu’ici, sans doute le film de Kore-Eda qui a le plus marqué les esprits et durablement établi sa « patte » : douceur, petits riens, silhouette et moustache burlesques de Lily Franky, notes de piano à chaque fois qu’il faut aider la larme à couler… Des enfants ayant été échangés à la naissance six ans auparavant, deux familles essaient de reconnecter avec leur « vrai » fils, sans rompre avec celui qu’ils ont élevé jusque-là. C’est quoi être un (bon) père ?
5/ La demi-sœur inconnue
Notre petite sœur (2015)
Trois sœurs adultes vivent dans la maison de leur défunte grand-mère. À la mort d’un père avec lequel elles avaient rompu tout lien, elles rencontrent sa quatrième fille, la quatrième sœur, astre adolescent autour de laquelle toute la famille va bientôt tourner. Ravissant, presque mièvre, rempli de tendresse et de cerisiers en fleur, une adaptation de manga presque trop solaire.
6/ Le père raté
Après la tempête (2016)
Retour de l’acteur de Still Walking, séparé de sa femme et de son fils, vu par sa mère comme l’archétype du raté : écrivain velléitaire, joueur invétéré, il a tout perdu, surtout l’estime de soi. Un soir de typhon, tout ce petit monde est accueilli par la vieille mère pour un dîner détrempé, où la dynamique familiale va être remise à plat et les liens, passés et à venir, redéfinis. Un somptueux « petit » film.
7/ La famille recomposée
Une affaire de famille (2018)
Toutes les hypothèses précédentes (abandon, séparation, liens au-delà de ceux du sang, matriarcat, mise en question du rôle du père, regard de l’enfant sur les adultes) sont ici reprises, bousculées, malaxées, dans une pièce au rez-de-chaussée d’un bidonville de Tokyo. Tous devront trouver leur place pour vivre ensemble, dans une distribution des rôles la plus équitable possible (tout l’enjeu de la mise en scène) mais qui ne pourra durer qu’un temps…
Sept films sur treize du cinéaste japonais ont pour motif la famille, jamais aussi harmonieuse que sa réputation pleine de douceur ne le laisserait croire.
A l'occasion de la sortie d'Une affaire de famille, le long métrage de Hirokazu Kore-Eda qui a reçu la Palme d'Or lors du dernier festival de Cannes, jouons au jeu des 7 familles avec sa filmo.
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