Qui va distribuer Megalopolis de Francis Ford Coppola ? "Tout est possible..."

Il ne sera pas montré en festival tant qu'il n'aura pas de distributeur officiel, prévient l'avocat du cinéaste, Barry Hirsch.

"Nous nous devons d'être aussi créatifs avec la vente de ce film que Francis l'a été en le fabriquant."

Voilà le mojo de Barry Hirsch, avocat de Francis Ford Coppola depuis des années. Avec la première projection de Megalopolis, qui vient d'être organisée pour des producteurs, distributeurs mais aussi des proches du cinéaste (sa sœur Talia Shire, son neveu Nicolas Cage, les cinéastes Spike Jonze ou Darren Aronofsky, ses acteurs phares du Parrain Al Pacino et Andy Garcia...), l'équipe vise clairement les gros studios de cinéma afin que cette histoire épique trouve la maison idéale pour sa promotion, qui devrait être considérable, et sa sortie en salles.

Car la fabrication de Megalopolis fut originale à Hollywood : Coppola rêvait de tourner cette histoire de ville détruite et reconstruite comme une utopie depuis le début des années 1980, mais refusant de rendre des comptes à des producteurs qui auraient eu le pouvoir de prendre des décisions à sa place, il a investi 120 millions de dollars de sa fortune personnelle pour pouvoir le tourner comme il l'entendait. Avec un énorme casting (Adam Driver, Giancarlo Esposito, Laurence Fishburne, Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, Jon Voight, Dustin Hoffman...), des décors importants et une technologie numérique innovante.

Le résultat a visiblement surpris -et conquis- ses premiers spectateurs, et maintenant que Megalopolis est bouclé, il faut que Coppola trouve un distributeur de confiance pour gérer sa sortie, si possible en salles.

Francis s'investit d'ailleurs personnellement pour faire connaître ce film qui lui tient à cœur depuis tant d'années. Il a créé un compte Instagram lors de sa fabrication, dont les coulisses ont également été filmées par un autre réalisateur, Mike Figgis, pour en tirer un making-of. Juste après sa première diffusion, il y a posté deux photos accompagnées de ce message :

"Merci à tous ceux qui sont venus assister à la première projection de Megalopolis. Merci pour votre soutien et vos gentils messages. J'ai tellement hâte de montrer ce film au monde et d'ouvrir la discussion sur le sujet de notre société : celle dans laquelle on vit est-elle la seule possible pour nous ? Qu'est-ce que vous en pensez, VOUS ?"

Un message qui fait écho au pitch de sa dernière réalisation :

"La destruction d'une ville de l'ampleur de New York après un accident impose deux visions divergentes du futur. D'un côté, il y a César, un architecte ambitieux (Adam Driver). De l'autre, son ennemi le maire Frank Cicero (Giancarlo Esposito). Leur débat est lié à la manière dont on pourrait rebâtir la cité pour l'avenir : avec des matériaux renouvelables ? Ou via un business aussi corrompu que ceux qui étaient mis en place précédemment ? Au milieu de ce conflit, il y a aussi la propre fille du maire, Julia, une jeune femme sans peur qui a grandi dans ce monde de pouvoir et qui cherche un sens à sa vie."

"Tout est possible", a répondu Barry Hirsch à IndieWire à propos des négociations en cours avec de multiples distributeurs quand le site américain l'a croisé dans les coulisses de l'événement. D'autres projections de presse sont prévues cette semaine à Hollywood, afin qu'un maximum de personnes influentes le voient. Même les patrons de services de streaming : Ted Sarandos de Netflix a par exemple assisté à cette diffusion de Megalopolis, aux côtés de Pam Abdy de la Warner Bros., Tom Rothman de Sony et Donna Langley d'Universal. La source précise que l'équipe voudrait privilégier une sortie en salles, et non sur plateforme, mais qu'un deal à la Napoléon ou Killers of the Flower Moon serait possible : AppleTV avait signé un contrat de distribution avec un autre studio pour diffuser ces œuvres de Ridley Scott et Martin Scorsese au cinéma avant de pouvoir les proposer à ses abonnés.

"Ce film offre une loupe qui magnifie là où on en est en tant que pays, aujourd'hui, poursuit Hirsch à propos de Megalopolis. Des gens m'ont dit qu'il ne ressemblait à rien d'autre qu'ils avaient vu auparavant, et c'est peut-être aussi ce genre de contrat que l'on doit passer pour le distribuer." Un deal "jamais vu" ? IndieWire écrit alors qu'une "longue diffusion au cinéma serait le choix idéal de Coppola, avec une préférence pour les projections en IMAX."

Hirsch continue en expliquant que des présidents de célèbres festivals ont déjà contacté le réalisateur de 84 ans pour lui faire part de leur souhait de pouvoir sélectionner Megalopolis. Il précise cependant que le long métrage ne sera pas sélectionné tant qu'il n'aura pas de distributeur attitré.
"Hirsh ne dément pas l'idée de débuter la carrière du film à Cannes, détaille l'article américain. Là où Conversation secrète et Apocalypse Now ont déjà remporté une palme d'or, ce qui pose la question du temps." Effectivement, le festival de Cannes débutant dans un peu plus d'un mois (il est fixé du 14 au 25 mai cette année), et sa sélection étant prévue dans quelques jours à peine (l'annonce officielle est prévue pour le 11 avril), cela signifie que Coppola devra trouver son distributeur très rapidement.

L'avocat conclut en défendant une dernière fois le ton original de Megalopolis :

"Je crois que depuis une dizaine d'année, même plus, les studios ont commencé à avoir moins d'estime pour le public, mais aussi pour Francis. Alors qu'il a fait des films qui ont toujours été attirants pour les spectateurs de plus de 14 ans : Apocalypse Now, Le Parrain, Conversation secrète, Dracula... Megalopolis n'est pas différent de ces œuvres en terme d'attraction."