Le réalisateur Peter Yates s'est éteint lundi 9 janvier à Londres des suites d'une longue maladie à l'âge de 82 ans. Peter Yates vient de s'éteindre à 82 ans. De ce cinéaste solide, on ne retient que Bullitt (et sa course de bagnole mythique), mais c'est réduire son originalité profonde. Car Peter Yates a été formé en Angleterre. Diplômé de la Royal Academy of Dramatic Art, il commença sa carrière sur les planches avant de devenir l'assistant du réalisateur Tony Richardson. Alors que Londres bouillonne et entre dans les swinging sixties, Peter Yates apprend la réalisation au côté du cinéaste phare de la nouvelle vague britannique et signe une poignée de films anglais détonnants. Ce sera d'abord une comédie musicale, Summer Holidays avec Cliff Richard et le groupe The Shadows, qui témoigne du bouillonnement de la période sixties et surtout explique le surnom que portera plus tard Yates : le chorégraphe de l'action. Suivront quelques inédits et, en 67, son polar Robbery (une adaptation du fameux cambriolage du train postal) qui, par son côté désespéré et très réaliste, influencera tous les grands polars brittons à venir (Mona Lisa ou The Long Good Friday) et lui offre surtout un passeport pour Hollywood. C'est là qu'il va signer ses meilleurs films ; et comment ne pas avancer l'hypothèse que le caractère novateur de ses bobines provient justement de ce qu'il portait sur l'Amérique un regard neuf, et que son apprentissage du cinéma fut conduit par un cinéaste enragé. Bullitt donc, en 68 (une coincidence ?). Le film est resté dans les mémoires pour la prestation cool de Steve McQueen et surtout sa formidable poursuite de Mustang. Mais si cette course est aussi spectaculaire, c'est que Peter Yates sait de quoi il parle : coureur automobile dans sa jeunesse, il a su mêler de façon très habile les scènes de cascade et les inserts détaillant les actes de la conduite, tout en tirant parti du décor. Ce qui frappe dans ce film, c'est justement sa modernité presque Antonionesque, la solitude du flic, son combat et son questionnement moral. La force de Yates était là, dans cette tentative d'apporter de nouveaux enjeux à des genres usés et dans sa volonté de traquer le détail (le tueur qui retire ses boule Quies après avoir effectué sa mission, la scène d'aéroport...). Pas étonnant donc que ses meilleurs films soient marquée du sceau de cette volonté radicale.
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Peter Yates, le cinéaste de Bullit, est mort
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