Première
par Nicolas Bellet
En janvier à l’Alpe d’Huez, Grand Prix du festival à la main, Michaël Youn prenait visiblement une revanche sur ceux qui ne l’avaient jamais pris au sérieux comme réalisateur. Éternel Fatal Bazooka pour les uns ou réveille-matin régressif pour les autres, il avait pourtant (agréablement) surpris en passant derrière la caméra avec Fatal puis Vive la France, mais on l’a bien vite oublié. La faute sans doute à une filmo de comédien qui ne rentrera pas dans les annales (avec deux n, comme l’intéressé se serait empressé de préciser) et une image de trublion entretenue ad nauseam. Lucide, Youn s’est mis ici en retrait, laissant la lumière à Arnaud Ducret interprétant Ben, quadra cocufié et humilié en place publique qui fonde avec son ami Patrick, lui aussi séparé (François-Xavier Demaison), le Divorce club. Et il n’a pas oublié qu’une bonne comédie se joue, aussi, sur des seconds rôles savoureux. Mentions spéciales, dans ces emplois, à Benjamin Biolay et surtout à un petit lémurien... Alors, certes, cette énième variation sur des adultes incapables de gran- dir et leurs délires régressifs pour essayer d’oublier que l’amour parfois ça fait mal, ne révolutionne pas le genre. Mais qu’importe, Michaël Youn assume pleinement son envie d’un pur divertissement, mû par la seule ambition de faire rire. Il s’amuse comme un gosse en faisant subir les pires humiliations à son héros et s’offre même un petit moment Fan de, spécial funk vintage. Bref, il se fait plaisir et c’est parce qu’il sait rendre son plaisir communicatif qu’il gagne son pari.