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Il y a tout pour exciter dans le dernier De Palma, à commencer par son sujet, qui cristallise la quintessence de la mythologie vénéneuse de Los Angeles. (…) Pourquoi la mayonnaise ne prend-elle alors qu’à moitié? Probablement à cause de l’héritage écrasant d’autres films proches mais indiscutablement supérieurs. De Palma n’arrive même pas à s’égaler lui-même lorsqu’il répète certains effets de signature. Malgré quelques éclairs de folie dégénérée, on reste sur l’impression d’un catalogue de perversions déjà vues, une tentative essoufflée qui rate le degré de démesure requis pour se qualifier dans la catégorie des grands films hantés.
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Brian De Palma joue et rejoue de toutes les ficelles et de tous les mythes de l'Amérique des années 40. Utilisant force studio, costumes, fards en tous genres, il grossit tous les traits d'une histoire qu'il complexifie à loisir. Jusqu'à perdre son spectateur...
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- vos impressions ? discutez du film Le Dahlia noir sur le forum cinémaL'histoire est bien connue. Titre du best-seller éponyme de James Ellroy, le Dahlia Noir est le surnom dont la presse affubla après sa mort une starlette hollywoodienne des années 40. Totalement inconnue de son vivant, Betty Short ne connut son heure de gloire qu'en étant la victime d'un crime aussi horrible qu'irrésolu, et qui fascine l'Amérique depuis près de soixante ans. Nombre de livres ont d'ailleurs été écrits sur cette affaire et un nouveau long métrage, adapté d'un autre roman noir, est actuellement en préparation. Ces ouvrages, qui se multiplient à mesure que la réalité macabre prend de la patine, offrent d'éternelles relectures à un meurtre dont on peut encore et toujours imaginer le pire puisqu'il n'a pas été élucidé. Le fantasme joue à plein et les auteurs comme leurs lecteurs et spectateurs peuvent y voir tous les grands méchants loups du monde. Le film signé De Palma fait partie de ces nombreuses interprétations et va même plus loin. En offrant une mise en images sur grand écran, il encourage la curiosité, l'envie de voir cet atroce fait divers, si atroce qu'à sa découverte en 1947, la police américaine n'a pas voulu dévoiler à la presse les photos du corps. Parions ici qu'on se ruera aujourd'hui dans les salles simplement parce que le film montrera ce dont on a parlé avec horreur : outre le crime, un peu vieux et américain, le best-seller, écrit par le plus macabre des romanciers qui s'est emparé là du plus sombre des meurtres.Las ! De Palma n'offre pourtant aucune réflexion et reste des plus plats et des plus « premier degré ». Il joue et rejoue de toutes les ficelles et de tous les mythes de l'Amérique des années 40. Utilisant force studio, costumes, fards en tous genres, il grossit tous les traits d'une histoire qu'il complexifie à loisir. Ici Los Angeles est le théâtre d'une usine à rêves, celui d'un temps dont on peut aujourd'hui dire qu'il était aussi parfait qu'amoral. D'un côté, l'Amérique d'après-guerre, aux enfants grandis au beurre de cacahuètes, qui existait de façon exemplaire et parfaite à cette époque ; de l'autre, l'Amérique du spectacle et d'une jeune femme qui n'a pas eu le même destin que Marylin Monroe : Betty Short. Si aujourd'hui il y a une certaine nostalgie de l'American Way of Life, le fait qu'on rejoue sans cesse les destins dramatiques des fifties et sixties conforte dans l'idée que, hors de notre actuelle société de la surveillance, point de salut ! Aussi quand le réalisateur réutilise les codes éculés mais séduisants des grosses voitures et petites pépés, il conforte le spectateur dans cette vision du monde. Il ne résout jamais la seule question que pose ce meurtre, celle de la sempiternelle fascination qu'il produit.Brian De Palma se borne à créer un univers aussi fumeux qu'enfumé pour mieux y plonger deux jeunes inspecteurs sur les traces du Dahlia, à la recherche du coupable. Ces bleus-là, incarnés par les fades Josh Hartnett et Aaron Eckhart, ne sont évidemment pas ce qu'ils semblent être. On se doute, dès la première fois qu'on les voit, qu'ils dévoileront bientôt et pleinement leurs vrais visages... avec lourdeur ! Seules quelques actrices tirent leurs épingles du jeu : Hilary Swank bien sûr, mais surtout Fiona Shaw qui peut, comme à son habitude, tout faire avec merveille, même sauver son rôle pourtant grossièrement écrit.On dit de cet auteur qu'il en est résolument un. La politique du même nom, dévoilée par la bande à Truffaut dans les années 50, amène à considérer avec vigilance l'ensemble d'une oeuvre, du moment que son réalisateur est muni de l'appellation adéquate. Aussi on comprendra l'argument selon lequel Le Dahlia Noir est totalement « depalmien » : on y retrouve en effet la mise en scène du cinéma en tant que dispositif, « grand oeuvre » du cinéaste américain qui cherche à faire le tour de la question. Le maniérisme du film peut ainsi très bien s'entendre comme la poursuite de sa démarche, et beaucoup le défendront de cette manière. De même, on retrouve le thème du double et du caché qui s'exprime ici à plein, dans tous les aspects du film (jusqu'au crime, commencé par une éviscération). Dès lors, quand on s'attendait à ce que De Palma s'empare vraiment du Dahlia noir à la manière novatrice d'un auteur, on constate qu'il s'est contenté de trouver un roman pour appliquer les recettes d'une cuisine qu'il travailla, il y a quelque temps, avec art.Le Dahlia noir
D'après James Ellroy
Réalisé par Brian De Palma
Avec Josh Hartnett, Scarlett Johansson, Hilary Swank
Etats-Unis/Allemagne, 2006 - 120 mn
Sortie en France : 8 novembre 2006Bande Annonce (anglais):
[Illustrations : © Metropolitan FilmExport]
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