"Qu’ils aillent tous se faire enculer !". Gégé/Dévereaux/Strauss-Kahn n’avait pas besoin de se tourner face caméra pour déclamer cette poésie à l’issue d’une conversation avec sa fille : on avait bien compris qu’elle s’adressait vraiment à tous, aux médias, aux politiques, aux bonnes mœurs, aux femmes et aux femmes de chambre du film, aux producteurs, chaînes de télé, diffuseurs, sélectionneurs qui n’ont pas voulu du film, et même aux spectateurs qui ont payé pour regarder ce film. Welcome to New York est, comme l’écrivait le Monde, une œuvre malade (mais pas vraiment grande en revanche). Une œuvre qui baigne dans un dégoût d’elle-même nauséabond, du premier et très long acte – le quotidien de débauche de l’homme – au second, long face-à-face avec sa femme, quand même entrecoupé de flashblacks vers des épisodes précédents (l’affaire Tristane Banon notamment) au cas où on n’en aurait pas vu assez. Il faut bien dire que le tout exerce un pouvoir de fascination, de ceux qu’on éprouve malgré nous en matant un accident grave sur le bord de la route – ce que Welcome to New York essaie et parvient constamment à être, comme si Ferrara avait consciencieusement voulu nourrir la charogne. Il faut dire que cette haine de soi est annoncée d’entrée dans un statement hallucinant. Depardieu répond en tant que Depardieu à des journalistes qui lui demandent pourquoi il a accepté d’incarner le personnage : "parce que je ne l’aime pas". Ou encore : "je déteste les hommes politiques, je suis individualiste, anarchiste", renchérit l’acteur ; qui s’épanouit pourtant pleinement dans le rôle. Son personnage, lui, est carrément nihiliste. Après s’être vautré dans des partouzes un peu dégénérées en poussant constamment des grognements de bêtes sauvages pendant une quarantaine de minutes, ce DSK fantasmé par Ferrara traverse la taule, le procès, l’humiliation et la déchéance dans une passivité indifférente, finalement exprimée devant un psy que sa femme l’a forcé à voir : "je ne ressens rien, je ne me sens pas coupable, j’en ai rien à foutre des gens", avoue-t-il sans aucun d’embarras. En parlant d’embarras, Welcome to New York -qui regorge de futures répliques cultes pour les amateurs- offre sans aucun doute la quote du jour : "Je ne me suis branlé que sur sa bouche, c’est tout, Simone !". Nafissatou appréciera. "Regardez-le tomber", racole le synopsis du film. Mais où est la chute ? Le réalisateur de Bad Lieutenant filme un homme qui vient de nulle part, sans amour, sans croyances, sans respect et sans ambition – donc sans trajectoire, au fond. Un homme qui n’avait rien à foutre de la gloire ou de son destin ("je ne voulais pas être président, moi"), et n’a rien à foutre de son déclin et de sa ruine. Etonnamment, Depardieu, qui finit par se (con)fondre dans le personnage et c’est troublant, semble, lui, en avoir quelque chose à foutre pour une fois : on n’avait pas vu Gégé, douloureusement et souvent littéralement à nu, aussi impliqué dans un rôle depuis… Depuis quand, au fait ?Vanina Arrighi de CasanovaBande-annonce de Welcome to New York, disponible depuis hier soir sur de multiplies plate-formes de téléchargement (la liste est ici) :
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- REVIEW - Gérard Depardieu se met douloureusement à nu dans le nauséabond Welcome to New York
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