Ettore Scola avoue qu’il a baissé les bras juste avant le tournage de son prochain film, avec Gérard Depardieu.Interviewé par le quotidien italien Il Tempo, Ettore Scola a déclaré qu’il mettait un terme à sa carrière. A 80 ans, il avait pourtant un projet en cours avec Gérard Depardieu : « Tout était près, mais au final, je ne le sentais plus et j’ai laissé tomber ». « Etant donné mon âge, j'ai fait ce que je devais, juge-t-il. Je n'ai pas de regrets. J'ai toujours travaillé avec une grande liberté. A un certain stade, il vaut mieux prendre sa retraite. » On sent pourtant une pointe de regret quand il évoque sa vision actuelle du cinéma : « Je ne réussis plus à vivre le monde du cinéma comme autrefois, avec joie et légèreté. Il y a des logiques de production et de distribution qui ne me ressemblent plus. Aujourd'hui, c'est seulement le marché qui procède aux choix. Avant aussi c’était important, mais il y avait de plus grands espaces d'autonomie. Les producteurs étaient aussi prêts à risquer et à expérimenter. Manifestement, la crise économique a aggravé la situation. »Le cinéaste, récompensé en 1977 d’un César du Meilleur Film Etranger pour Nous nous sommes tant aimés, a signé plusieurs chefs d’œuvre, dont Affreux, sales et méchants, controversé à sa sortie pour son humour grinçant (il reçut tout de même le Prix de la mise en scène à Cannes en 1976) ou encore Une journée particulière où il offrait deux rôles majeurs aux stars italiennes Sophia Loren et Marcello Mastroianni.Dès les années 80, il prouve son amour du cinéma français en s’intéressant à la Révolution Française (La nuit de Varennes, avec Jean-Louis Barrault et une fois encore Mastroianni). Il signe aussi Le Bal, en 1983. En 1995, il reçoit un Lion d’or pour Le roman d’un jeune homme pauvre, un film porté par André Dussollier et Alberto Sordi.L’annonce de sa retraite n’est pas une surprise. Il y a quelque temps, il avait annoncé à La Republica : « J’arrête de tourner. Dans cette Italie, cela ne sert plus à rien. (…) Je n’ai plus d’inspiration. Je préfère jouir de la vieillesse ». Aujourd’hui, ses mots sont aussi frappants : « Je ne veux pas devenir une de ces vieilles dames qui mettent des talons aiguille et du rouge à lèvres pour rester avec les jeunes ». Une phrase que l’on aurait pu entendre de la bouche de l’un de ses personnages de film…Terminons en musique, avec un extrait d’Affreux, sales et méchants