En juillet 2012, The Dark Knight Rises bouclait la trilogie à succès de Chris Nolan. Flashback.
Pour patienter jusqu'à la sortie de Tenet, Première vous propose de replonger dans la filmographie de son créateur, Christopher Nolan. Il y a huit ans, il disait adieu à Batman avec The Dark Knight Rises, qui marquait la fin d’une trilogie sombre et riche en rebondissements commencée en 2005 avec Batman Begins, dont le sommet fut atteint en 2008 avec The Dark Knight (un Oscar posthume pour Heath Ledger en Joker, et un milliard de dollars de recettes sur la planète). En parallèle de ce troisième film, Nolan sortait alors le livre The Art and Making of The Dark Knight Trilogy, et publiait en préface une déclaration émouvante pour dire adieu au Chevalier Noir. Voici sa traduction.
[En attendant Tenet] Christian Bale : "Christopher Nolan était obligé de me recadrer""Alfred. Gordon. Lucius. Bruce… Wayne. Ces noms ont fini par signifier beaucoup pour moi. Aujourd’hui, mon adieu à ces personnages et à leur univers aura lieu dans trois semaines. C’est le neuvième anniversaire de mon fils. Il est né au moment où je donnais naissance au Tumbler dans mon garage, à partir de bouts de maquettes diverses. Beaucoup de temps, beaucoup de changements. On est passés de tournages où une fusillade ou un hélicoptère étaient des éléments extraordinaires à des jours de travail où le quotidien appelle des foules de figurants, des explosions d’immeubles ou des braquages à des milliers de pieds d’altitude.
On me demande souvent si j’avais toujours eu l’idée d’une trilogie. C’est comme si on me demandait si j’avais prévu de grandir, de me marier ou d’avoir des enfants. C’est compliqué de répondre. Quand David [Goyer, co-scénariste] et moi avons commencer à travailler sur l’histoire de Bruce, on a effleuré les idées de ce qui allait se passer après, mais on s’est dégonflés, car on ne voulait pas regarder trop loin dans l’avenir. Je ne voulais pas en savoir plus que Bruce, je voulais vivre ça avec lui. J’ai dit à David et Johah [Jonathan Nolan, son frère et co-scénariste] de tout mettre dans chaque film. Le casting et l’équipe ont tout donné dans le premier film. Rien n’a été perdu. Rien de « conservé pour plus tard ». Ils ont construit une ville entière. Après, Christian [Bale], Michael [Caine] et Gary [Oldman] et Morgan [Freeman] et Liam [Neeson] et Cillian [Murphy] ont commencé à y vivre. Christian s’est emparé de la vie de la Bruce Wayne et l’a rendue passionnante. Il nous a fait rentrer dans l’esprit d’une icône pop et ne nous a jamais décrédibilisé les méthodes de Bruce.
Je n’aurais jamais pensé qu’on ferait un deuxième film -combien existe-t-il de bonnes suites ? Pourquoi prendre le risque ? Mais dès que j’ai su où Bruce allait devoir se rendre, et dès que j’ai commencé à apercevoir son adversaire, l’idée d’une suite devint nécessaire. L’équipe fut réunie de nouveau, et nous fûmes de retour à Gotham. La ville avait changé en trois ans. Elle s’était agrandie. Elle était devenue plus vraie, plus moderne. Et une nouvelle force de chaos la menaçait. Un clown qui fait peur, version ultime, rendu terriblement vivant par Heath [Ledger]. On n’avait rien perdu sur le premier film, mais il restait des choses qu’on n’avait pas faites -un costume de Batman avec un cou flexible, des scènes shootées en IMAX. Et des choses qu’on avait peur de faire -détruire la Batmobile, brûler l’argent sale de la pègre pour montrer que le méchant avait un but hors du commun. On a utilisé l’apparente sécurité d’une suite pour se débarrasser des conventions et on s’est embarqué pour les recoins les plus sombres de Gotham.
Je n’aurais jamais pensé qu’on ferait un troisième épisode -combien y a-t-il de bonnes deuxièmes suites ? Mais je n’ai pas arrêté de m’interroger sur la fin de la quête de Bruce, et une fois que David et moi l’avons découverte, je devais la voir par moi-même. On devait revenir vers ce que nous osions à peine murmurer dans mon garage lors des premiers jours de boulot. Finalement, on faisait bien une trilogie. J’ai appelé tout le monde pour faire encore un tour à Gotham. Quatre ans plus tard, elle était toujours là. Elle semblait même plus propre, plus lumineuse. Le Manoir Wayne avait été reconstruit. Les visages familiers étaient de retour, plus vieux, plus sages… Mais ça cachait quelque chose. Gotham pourrissait par les fondations. Un mal nouveau grandissait dans les profondeurs. Bruce pensait qu’il n’y avait plus besoin de Batman. Il se trompait, comme moi-même je me trompais. Le Batman devait revenir. Je suppose qu’il reviendra toujours.
Michael, Morgan, Gary, Cillian, Liam, Heath, Christian… Bale. Ces noms ont fini par signifier beaucoup pour moi. Le temps que j’ai passé à Gotham à m’occuper d’une des figures les plus résistantes et les plus appréciées de la pop culture a été l’expérience la plus difficile et la plus gratifiante qu’un cinéaste puisse espérer. J’aime à penser que je vais lui manquer, mais il n’a jamais été particulièrement sentimental.
Le cinéma n'en a pas fini avec Batman...
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