Le réalisateur nous raconte la genèse de son film en plan-séquence.
De son propre aveu, Sam Mendes est sorti des tournages de Skyfall et Spectre « épuisé ». On le croit sur parole. Tourner deux Bond d’affilée – dont celui qui, en 2012, rallumait la flamme de la franchise 007 après un Quantum of Solace de sinistre mémoire – a dû effectivement tenir du marathon plus que du petit jogging matinal. Le cinéaste aurait pu se ressourcer avec un petit film comme Away We Go (2009). C’est mal le connaître. Après un retour au théâtre, il a choisi de mettre en scène un film sur de jeunes soldats britanniques dans les tranchées de 14-18. La première page du scénario, envoyée au grand chef opérateur Roger Deakins (avec qui Mendes a tourné trois films dont Skyfall) portait un avertissement : « Ce film se déroule en deux heures de temps réel et à une exception près, il est écrit et conçu pour être tourné en un seul plan. » Ce qui, paraît-il, a fait beaucoup rire Deakins. Quelque part entre Il faut sauver le soldat Ryan (pour la mission-suicide) et Dunkerque (pour le film de guerre british à la temporalité déglinguée), 1917 est donc le récit en plan-séquence de la survie d’un Tommy face au massacre. Un grand défi pour le retour de Mendes au cinéma.
1917 : le making-of incroyable d'une scène du film de guerre de Sam MendesDans le numéro de Première actuellement en kiosque (avec Margot Robbie en couverture), nous avons longuement interrogé Sam Mendes sur 1917. L’idée lui serait-elle venue après le tournage de la scène d’ouverture en plan-séquence de 007 Spectre, qui a a demandé six mois de préparation et 1 500 figurants ? « Oh oui ! J’ai toujours adoré l’idée de tourner des prises très, très longues. Ça a commencé sur Les Sentiers de la perdition. J’avais fait une prise que je trouvais excellente et j’ai détesté l’idée de devoir couper dedans. Concernant Spectre, ça a été une vraie joie de filmer cette ouverture en plan-séquence. Je me suis dit que ça serait formidable de pouvoir continuer au-delà de cette scène. Ça m’a donné le courage de m’attaquer à la combinaison de plusieurs scènes en une seule, disons. On peut dire que c’est à ce moment que j’ai pensé pouvoir faire (peut-être !) un film en un seul plan-séquence. De manière ironique, l’expérience de James Bond m’a aussi donné la confiance en moi pour écrire le film. Sur Skyfall et Spectre, j’ai passé beaucoup de temps avec les scénaristes, j’ai commencé à travailler avec eux à partir d’une page blanche : on ne m’a pas envoyé de scénario terminé comme pour mes précédents films, on est partis de rien. C’est aussi ce qui s’est passé pour 1917. Si je voulais concevoir un film en un plan-séquence, je devais être l’auteur du scénario. J’ai écrit le film [avec Krysty Wilson-Cairns] tel qu’il devait être tourné. Je le réalisais en même temps que je l’écrivais, si vous voyez ce que je veux dire… »
1917 : Spectacle virtuose ou coquille vide ? La critique "Pour ou Contre"1917 sort ce mercredi 15 janvier au cinéma. Bande-annonce :
Commentaires