Mignonnes de Maïmouna Doucouré visible dans le monde sur Netflix, scandalise la classe politique américaine.
Quatre filles pré-pubères en tenue sportive moulante sous les flashs des projecteurs. Chacune dans une pose clairement suggestive. En achetant le film français Mignonnes de Maïmouna Doucouré, autour de l’itinéraire d’une parisienne de onze ans qui intègre une bande de danseuses de son âge, la plateforme Netflix a cru bon de proposer un nouveau visuel afin d’appâter le chaland. Exit donc l’affiche française (le film est en salles depuis le 19 août) qui voyait les mêmes jeunes filles marcher dans la rue sous une pluie de confettis. Grossière - et vulgaire - erreur ! Le côté Magic Mike version ados, n’est pas du tout passé aux Etats-Unis déclenchant une vague de protestation ahurissante depuis le dévoilement de l’affiche fin août. Sur Twitter, le très populaire hashtag #CancelNetflix permet à chacune et chacun de dénoncer ce film qui serait un appel à l’hyper-sexualisation des jeunes filles. Netflix a immédiatement rétropédalé via ce message contrit sur les réseaux sociaux : "Nous sommes profondément désolé pour le visuel inapproprié que nous avons utilisé pour Mignonnes (Cuties). Ce n’était pas OK, ni représentatif de ce film français qui a gagné un Prix à Sundance." Fin de l’histoire ? Non.
Maïmouna Doucouré décrypte MignonnesIl ne s’agit pas aujourd’hui de "fermer" Netflix mais carrément de sauver les enfants avec le hashtag #Savethechildren. Un hashtag qui a été le plus utilisé la semaine dernière. Alors que les élections présidentielles se profilent aux Etats-Unis, les Républicains font monter la sauce et sans avoir vu le film, le condamnent vertement. Ainsi, le sénateur Républicain Ted Cruz, qui représente le Texas, demande une enquête pour "pédopornographie". Il s’interroge même sur les dessous d’un film qui pourrait avoir "violé les lois fédérales contre la production et la distribution de pornographie infantile."
Dans le camp opposé, on trouve aussi des détracteurs. L’élu démocrate de Hawaï Tulsi Gabbard twittait, il y a deux jours : "La pornographie enfantine de 'Cuties' va aiguiser l'appétit des pédophiles et alimenter le commerce sexuel des enfants (...) Netflix vous êtes donc complice."
Consciente de l’ambiguïté d’un film qui cherche avant tout à comprendre le comportement de certains ados à l’heure où la course aux "like" oblige à s’exhiber toujours plus, Maïmouna Doucouré avait pourtant cumulé les interviews. Aux Etats-Unis, où Mignonnes a par ailleurs été très bien accueilli par la critique (89% sur Rotten Tomatoes), le très sérieux Times titrait ainsi : "Ce film est un cri d’alarme" et vantait dans ses pages des propos d’une cinéaste qui "aimerait s’expliquer".
Pour l’heure, Netflix soutient Maïmouna Doucouré : "C'est un film primé et une histoire puissante sur la pression que les jeunes filles subissent sur les réseaux sociaux, et de la part de la société en général lorsqu'elles grandissent — et nous encourageons tous ceux qui se soucient de ces questions importantes à regarder le film." Cuties est toujours disponible sur la plateforme. Dont acte.
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