La fin de The Handmaid’s Tale expliquée : comment ça se termine ?

Quel sort pour June ? Serana ? Hannah ? Le créateur Bruce Miller décrypte ses intentions pour la conclusion de la poignante histoire des Servantes écarlates.

Évidemment, la série n'a jamais réussi à reproduire la puissance narrative de sa première saison choc. Mais The Handmaid’s Tale est malgré tout une série qui a marqué son époque. Et son final sans grosse révélation ni fracas - diffusé cette semaine en France sur OCS - est à l'image de la sobriété ténébreuse qui la caractérise depuis 2017.

Attention spoilers !

Dans le dernier épisode de la série, June Osborne (incarnée par Elisabeth Moss) déambule dans la ville de Boston, libérée du joug des Commandants. Elle finit par revenir devant la maison des Waterford, partiellement détruite par des bombardements. Elle parvient à grimper jusque dans sa chambre, sa prison de servante écarlate. Il lui reste une dernière mission : enregistrer son histoire, pour écrire ses mémoires. On entend un clic, celui du magnétophone qu’elle allume. Le même clic que celui qu'on entendait dans la toute première scène du pilote. Un détail que Bruce Miller, créateur de la série, avait soigneusement planifié depuis le début. Il l'assure dans Variety :

"J’ai toujours pensé que c’était logique. La dernière chose que l’on sait dans le livre à propos d’Offred, c’est qu’elle a enregistré tout ça. Si vous regardez à nouveau le pilote, vous pouvez entendre ce clic du magnétophone au début — et non, on ne l’a pas rajouté plus tard. C’était déjà là."

L’absence déchirante de Hannah

Mais ce final discret aura quand même oublié de nous montrer les retrouvailles entre June et sa fille Hannah. Une douleur assumée par l’équipe créative, mais dictée par des impératifs de production. En effet, Hulu a déjà commandé la suite, une série adaptée de The Testaments, le roman publié en 2019 par Margaret Atwood, qui se déroule quinze ans après les événements de la série et suit notamment Hannah (devenue Agnes), Daisy, et Tante Lydia.

"Nos mains étaient liées, malheureusement," avoue Yahlin Chang, co-showrunneuse de la saison 6 dans le Los Angeles Times. "Nous ne pouvions pas réunir June et Hannah à cause de The Testaments, ce qui a été très difficile à accepter, pour les spectateurs comme pour nous."

Eric Tuchman, également aux commandes, abonde dans ce sens :

"On savait qu’on ne pourrait pas faire ces retrouvailles, et c’était bouleversant. Mais avec du recul, cela a changé le moteur émotionnel de June : que fait-on quand on n’obtient pas ce qu’on veut, ni ce qu’on espère ? Et si cela n’arrive jamais ? Ça devient alors un message encore plus puissant : on continue. On n’arrête jamais d’aimer."

June et Luke : un amour sans promesse

Autre moment marquant de ce dernier épisode, la séquence d'au revoir entre June et Luke. L'histoire du couple s’achève sans véritable résolution. Ils sont désormais très différents. Ils le savent et ne peuvent pas faire comme si rien n'avait changé. Lui s'en va poursuivre la guerre contre Gilead à New York. Elle, va tenter de récupérer Hannah. Leurs routes se séparent à nouveau, mais ils se promettent de se retrouver, après... Une promesse qui n'est pas vaine, selon Miller :

"Ils ne vont pas s’arrêter pour apprendre à se connaître. Ils savent que leur relation sera longue, compliquée, quelle que soit sa forme. Ils s’aiment, ce n’est pas la question. Ce qui reste flou, c’est s’ils vont vivre ensemble à plein temps ou à moitié."

Car Luke, de son côté, a pris son indépendance émotionnelle cette saison :

"Il n’essaie plus de rendre la vie de quelqu’un d’autre meilleure. Il veut faire ce qui est juste. Mais il se demande aussi : ‘Si je ne suis pas là pour quelqu’un de triste, alors à quoi je sers ?’"

Et Serena dans tout ça ?

Le cas Serena Joy (interprétée par Yvonne Strahovski) a toujours été un peu délicat et il a failli prendre une tournure bien plus brutale. Si elle finit seule, sans argent, mais avec un enfant dans les bras, dans un centre de réfugiés de l'ONU, elle a bien failli être tuée ! Bruce Miller révèle dans TVLine :

"J’y ai pensé sérieusement. Si elle tombait sur un checkpoint, ils l’auraient probablement arrêtée et exécutée. C’est ce que Mayday aurait fait. À chaque fois qu’elle rencontre un groupe, elle manque de se faire tuer !"

Alors pourquoi l'avoir épargnée ? Miller voulait que June garde le contrôle du récit, et ne soit pas tentée de la pleurer !

"Si Serena mourait, c’est comme si elle avait le dernier mot. Et je ne voulais pas que June la prenne en pitié. Elle lui pardonne pour elle-même, pas pour Serena. Comme elle le dit : ‘Il faut bien commencer quelque part".

Pour lui, la véritable punition de Serena viendra avec le temps, quand son enfant commencera à poser des questions :