Pas de transgenre dans la nouvelle série Pixar mais un personnage chrétien

Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, les efforts de Disney pour aller vers plus d’inclusivité font un bond en arrière. La série Gagné ou Perdu est un exemple de cette politique anti-woke.

Donald Trump continue sa guerre acharnée contre les “woke”. Depuis le début de son mandat, le domaine de la culture en est particulièrement impacté. Le mois dernier, le livre pour enfant de l'actrice Julian Moore, Freckleface Strawberry, avait été interdit dans 160 écoles américaines gérées par le ministère de la Défense. La raison : l’histoire de cette petite fille complexée par ses tâches de rousseur est jugée trop inclusive et progressiste. Le ministère de la Défense a annoncé vouloir limiter l’accès aux œuvres relatives à “l’idéologie du genre ou l’idéologie de l’égalité face aux discriminations”. 

Le groupe de la Walt Disney Company - qui détient entre autres Pixar - est aussi dans le viseur du président conservateur. Depuis plusieurs années, le studio fait des efforts pour aller vers une plus grande inclusivité des minorités ethniques et sexuelles. Par exemple, Miss Marvel est une super-héroïne musulmane, La Petite Sirène du live-action de 2023 est jouée par une actrice noire, la prochaine Blanche Neige est interprétée par la comédienne latino Rachel Zegler. 

Disney + avait aussi ajouté des avertissements avant le début de certains de leurs films véhiculant des stéréotypes, comme Dumbo ou encore Peter Pan. Le spectateur était donc averti avant son visionnage de “représentations négatives et /ou de traitements inappropriés envers des personnes ou des cultures”, et que “ces stéréotypes étaient déjà problématiques à l’époque et le restent aujourd’hui”. A présent, la plateforme, jugée trop “woke”, se plie aux colères du gouvernement et devrait écourter ce message d'avertissement. Mais surtout, il ne sera plus affiché au début du film, mais seulement dans la section consacrée aux détails. 

En décembre dernier, Disney annonçait avoir choisi de couper “quelques lignes de dialogue” à propos d’un personnage transgenre dans la toute première série originale Pixar Gagné ou Perdu. Diffusée progressivement depuis le 19 février sur la plateforme Disney +, la série suit les Pickles, une équipe de softball collégienne. Chaque épisode se concentre sur un personnage et sur sa vie en dehors du terrain. Un porte-parole de Disney avait justifié ce changement à TVLine : 

"Lorsqu'il s'agit de contenu animé pour un public plus jeune, nous reconnaissons que de nombreux parents préféreraient discuter de certains sujets avec leurs enfants selon leurs propres conditions et selon leur propre agenda.”

On rappelle que le président américain a récemment signé un décret allant à l’encontre des personnes transgenres, bannissant notamment la reconnaissance d’un genre neutre en plus de nombreuses restrictions, dont des complications d’accès aux procédures de transition pour les personnes de moins de 19 ans. La coupure de Disney envers le seul personnage transgenre ne semble pas être tout à fait une coïncidence… Trump avait d’ailleurs qualifié la plateforme de divertissement d’“ombre woke et dégoûtante d’elle-même” sur ses réseaux sociaux. 

En revanche, dans le premier épisode de Gagné ou Perdu, on fait la connaissance de Laurie, un personnage présenté comme chrétien. On la voit notamment prier : “notre père qui êtes aux cieux, que votre force soit avec moi”, ou encore “j’ai la foi mais il m’arrive d’être envahie par le doute. Je vous promets qu’à l’avenir je ferai des efforts et que je ne me laisserai plus aller. J’ignore comment vous voyez les choses, mais comptez sur moi". Depuis Le Secret de Térabithia (2007), Laurie est le premier personnage ouvertement chrétien à apparaître dans une production Disney, même si les références religieuses ne datent pas d’hier (comme Blanche Neige et les Sept Nains, faisant allusion aux sept péchés capitaux). Gagné ou Perdu illustre le nouveau virage de Disney, qui abandonne sa politique de “Reinmagine Tomorrow”, visant à revaloriser les minorités.