Élevé surtout près d'un oncle « érudit en arabe et en français », Sembène quittera sa Casamance natale pour faire 36 métiers : pêcheur, mécanicien, docker dix ans à Marseille : son premier livre, Docker noir, est de 1957 ; les Bouts de bois de Dieu de 1960 ; le Mandat de 1966 ; Xala de 1973. Il adaptera ces deux derniers à l'écran. Grâce à une bourse d'études, il peut en effet suivre l'enseignement de Donskoï au studio Gorki de Moscou. S'il ne cesse pas d'écrire, il prend conscience que le film peut atteindre un plus large public, et plus directement. Se refusant à copier les modèles occidentaux ou soviétiques, Sembène tente de retrouver par le récit visuel l'art des griots. Le film peut devenir l'héritier de la culture orale, se faire l'inventeur d'une nouvelle mémoire. Parti du fait divers (ou du mélo néoréaliste : Borom sarrett, 1962), il tourne la Noire de..., premier long métrage 65 min d'un cinéaste africain noir : prix Jean-Vigo, couronné aux ICC de Tunis, à Dakar. L'uvre va se développer avec une régularité qui est plus le fruit de l'obstination que de la facilité : le Mandat (Mandabi, 1968), comédie charmante, vive, piquante, sur les illusions et la passivité des bonnes gens ; Emitaï (1971), reconstitution accusatrice d'une sanglante répression coloniale en 1942 ; Xala (1974), satire un peu pesante de la nouvelle bourgeoisie d'affaires et des murs politiques ; Ceddo (1977), où se conjuguent le verbe et une poétique de l'espace ; Camp de Thiaroye (CO Thierno Faty Sow, 1988), brûlot anticolonialiste qui évoque la fin de l'année 1944 et le retour plein d'amertume dans leur patrie des « tirailleurs sénégalais ». Sembène a retrouvé le sens, la vigueur, l'intemporalité de la fable (fable accusatrice ou fable symbolique comme nous apparaîtra Guelwaar, tourné en 1992). La saveur et la vérité de son uvre viennent sans doute aussi de ce qu'il est lui-même « ceddo », selon la définition qu'il en donne (in CinémAction 3, 1978) : « homme de refus », « jaloux de sa liberté absolue » il ajoute que c'est aussi être un « guerrier » et « avoir l'esprit caustique ». Le cinéma ne lui est pas un outil de propagande, chargé de faire voir des « pancartes ». C'est un mode d'expression qui a ses lois. Ses films ont les leurs, sous une apparente nonchalance africaine ; ils sont aussi un hommage à la femme sénégalaise ; la tolérance s'y fortifie d'ironie, et plus encore d'humour (langues : ouolof et français).
Nom de naissance | Ousmane Sembene |
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Naissance |
Ziguenchor, Casamance, Senegal |
Décès | |
Genre | Homme |
Profession(s) | Réalisateur, Acteur, Scénariste |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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2005 | Moolaade | Réalisateur | - | |
2004 | Moolaadé | Réalisateur, Scénariste | - | |
2001 | Faat Kiné | Réalisateur, Scénariste | - | |
1993 | Guelwaar | Réalisateur, Scénariste | - | |
1988 | Le camp de Thiaroye | Réalisateur, Scénariste | - |