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Pour son premier long, Manuela Martelli remonte le temps jusqu’en 1976, année considérée comme l’une des plus sombres du régime de Pinochet alors au pouvoir depuis trois ans. Et c’est ce pan douloureux de l’histoire de son pays qu’elle explore avec superbe dans les pas d’une héroïne presque malgré elle, l’épouse d’un médecin qui, en acceptant d’aider en secret un jeune révolutionnaire, à la demande d’un prêtre, va se retrouver bien loin de sa vie bourgeoise paisible, sous la menace permanente de voir son secret découvert. Et par la justesse de sa mise en scène – un remarquable travail sur les valeurs du plan, un usage modéré et très subtil de la caméra à l’épaule – et une bande son oppressante, la cinéaste sait tout à la fois créer de la tension et la faire grandir sans jamais forcer le trait avec une maîtrise jamais prise en défaut jusqu’à l’ultime plan. Des débuts emballants.