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Allouache ne mâche pas ses dialogues et signe une sorte de pendant à Welcome qui risque de faire débat des deux côtés de la Méditerranée. Tourné à la manière d’un documentaire, Harragas a les défauts de ses qualités : un réalisme sec au détriment de l’esthétisme, une interprétation énergique mais inégale, un scénario flottant. L’ultime séquence de la traversée, filmée dans un style « caméra embarquée », saisit cependant remarquablement la dangerosité et la tension inhérentes à ce type de périple. Elle justifie à elle seule les partis pris d’Allouache.
Toutes les critiques de Harragas
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce film montre avec une rare honnêteté les tensions et les rivalités que se livrent ceux qui fuient la misère au soleil. Pas d’angélisme dans cet éprouvant récit : Merzak Allouache filme les altercations et les querelles, les haines et les jalousies et surtout la terrible détermination qu’il faut pour entreprendre un tel voyage, une telle odyssée. Il nous fait réaliser que quitter la terre de son enfance et de ses origines est bien, comme le rappelait Costa Gavras il y a un an lors de la sortie de son film « Eden à l’Ouest », un acte de courage. Un courage qui mène souvent à un échec et parfois même à la mort.
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Dans cette fiction aux allures de documentaire, on suit l'odyssée dangereuse, voire mortelle, d'Algériens tentant de fuir clandestinement par la mer vers l'Europe. La mise en scène de Merzak Allouache est digne, jamais larmoyante. Il montre des gens prêts à tout, y compris à mourir, pour l'infime espoir de vivre mieux ailleurs. On peut juste regretter que, dans un souci de pédagogie, une voix off trop explicative vienne régulièrement commenter ce qu'il montre si bien avec sa caméra. Allouache devrait se faire plus confiance.
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(...) Harragas avait donc tout pour être un grand film des années 2000, mais il est resté dans une manière de faire d'il y a plusieurs décennies. Il ne suffit pas de choisir un sujet de son temps, encore faut-il y accorder son cinéma.
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Perclus d’intentions louables – rendre compte du durcissement des politiques d’immigration européennes –, "Harragas" rate en partie sa cible en s’encombrant d’une voix off inutile et en choisissant une esthétique "posée" qui ne colle guère avec la violence extrême de son sujet.
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En faisant de ces "brûleurs" les héros d'une fiction, en les filmant à partir de la côte algérienne, Merzak Allouache propose une alternative bienvenue à la représentation de ces hommes et de ces femmes dans les médias occidentaux (...). Malheureusement, le film se contente de poser des personnages-types pour dresser la liste la plus exhaustive possible des sacrifices que requiert un tel voyage, des obstacles quasi-insurmontables qui se dressent sur la route des candidats au départ. On a le sentiment d'avoir affaire à un dossier de société dont la fin suggère, qui plus est, que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
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On reconnaît, durant les préparatifs de l'expédition, le style du cinéaste, alliance étrange, le plus souvent réussie, entre lucidité et dérision. Mais, lorsqu'il fait de son film un pur remake de Lifeboat d'Hitchcock, Merzak Allouache a la mauvaise idée d'introduire, parmi ses migrants, un flic censé fuir les conséquences d'une grosse bavure. Ce « méchant » lourdaud et brutal parvient à plomber à lui tout seul une intrigue qui, avant son arrivée, jouait habilement sur la subtilité et la mélancolie.