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Le décor fait penser à un vieux Scorsese des familles, Alice n’est plus ici. Un boui-boui perdu au milieu de l’Arizona, dans un bled battu par les vents et la poussière, habité par une faune folklorique de routiers sympas, de serveuses à la coule et de clients fauchés qui vivotent dans le trailer park d’à côté. Mais le parcours de l’héroïne évoque plutôt un calvaire à la Lars Von Trier. Katie tend systématique l’autre joue, et sourit sans faillir face aux coups bas que lui réserve l’existence : sa colocation glauque avec sa maman prostituée (Mireille Enos) dans un deux-pièces miteux, les passes qu’elle consent elle-même à faire pour une poignée de dollars dans des ruelles sordides à la nuit tombée, son coup de foudre pour le garagiste du coin, un repris de justice qui menace de péter les plombs à tout moment… Flirtant avec les clichés « sundanciens » (caméra fébrile, ruralité, bons sentiments), le réalisateur Wayne Roberts parvient pourtant à capturer cet inframonde redneck sans une once de misérabilisme ou de condescendance, mais plutôt avec la candeur et l’opiniâtreté de son héroïne interprétée par Olivia Cooke (grosse sensation du moment chez les directeurs de casting, l’actrice est également ces jours-ci à l’affiche du Ready Player One de Spielberg). Très sûr de lui, Roberts a d’ailleurs annoncé que ce Katie says goodbye était la première partie d’une trilogie consacrée à des personnages en rupture de ban, qui finiront par tous se croiser dans le dernier volet. Il vient de tourner la suite, Richard says goodbye, sur un prof cancéreux joué par Johnny Depp. A suivre, donc.