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(...) Emmanuel Salinger signe un premier long métrage entre comédie et portrait existentiel. Sous couvert de légèreté, il entend dire des choses sur la tentation de la célébrité, sur la difficulté de s’accepter et de s’engager – amoureusement et comme citoyen. À force de caresser les clichés, son film n’évite pas toujours le schématisme, voire le fatalisme.
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Malgré ses faiblesses et sa timidité formelle, quelques scènes vraiment inspirées et la qualité de la direction d'acteurs donnent envie de découvrir les films à venir de Salinger.
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Les critiques de Première
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Ce rythme effréné constitue à la fois la force et la limite de cette comédie socratique dépressive : il apporte une élégance légère et percutante aux tourments existentiels et à la critique des médias abordés, mais il semble parfois plaqué et ne pas laisser aux scènes le temps de respirer. Au bout du compte se dégage du film une étrange ivresse, accentuée par la ressemblance physique entre les acteurs, Capelluto, Boujenah et le discret Salinger. Comme si chacun (le prof se rêvant écrivain, le présentateur en crise, l’homme des coulisses) incarnait un devenir possible de l’autre, son image dérivée, pris dans la folle tourmente d’une variation de cap risquée et en partie concluante, dont on devine la part autobiographique.
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La grâce de son acteur principal, Laurent Capelluto, et la malice de ses acteurs secondaires (Maurice Bénichou, formidable en vieux marginal recueilli bon gré mal gré par Grégoire, Hélène Fillières, tout en intelligence cassante, mais aussi Michel Boujenah, très bien en clone de Thierry Ardisson), tirent l'ensemble du côté de la légèreté pétillante. Au-delà du casting, qui fait souvent la force des films réalisés par des acteurs, La Grande Vie dénote chez son auteur un véritable regard de metteur en scène. Emmanuel Salinger s'amuse ici avec tout ce dont il dispose : les espaces, la lumière, les dispositifs des plateaux de télévision où se jouent certaines scènes clé du film, et propose avec eux toutes sortes de petites trouvailles de cinéma.
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Cette farce morale, où la drôlerie repose sur le duo antinomique et le décalage, est enlevée par le jeu de Laurent Capelluto, brillamment écrite et vivement montée par Simon Jacquet, l’héritier putatif de François Gédigier.
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L'acteur fétiche d'Arnaud Desplechin se montre à son aise pour dépeindre au vitriol le milieu des média. On apprécie notamment la façon qu'a Emmanuel Salinger de compter les points entre l'exubérant Michel Boujenah et Laurent Capuletto, révélation comique tout en maladresse.
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Le résultat, qui révèle un vrai talent, Laurent Capelluto, a des hauts et des bas. Mais c'est un film qui dit beaucoup de choses sur la société d'aujourd'hui, la cruauté de la télévision, les petites surprises de l'amour et l'importance de prendre sur la vie, grande ou pas, un recul... philosophique.
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Pas toujours percutant, le film séduit par son énergie, dans la férocité comme dans la générosité. Salinger parvient à faire passer pas mal de choses sur nos contemporains, à la fois narcissiques et rongés par le manque cruel de reconnaissance sociale. Contre la désinvolture joyeuse et le sérieux ronflant, sa comédie milite, plutôt, pour le gai savoir.
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(...) la dichotomie du scénario finit par virer au manichéisme pesant. Quant à la caricature, elle reste inopérante, car totalement datée.
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Emmanuel Salinger a embrassé trop de sujets – la difficulté de l’enseignement, les ravages de la notoriété, la cruauté du capitalisme… – pour être vraiment efficace dans sa dénonciation d’un certain système. Là où un ton féroce aurait été de mise, Salinger enrobe son propos d’un ton faussement provocateur qui désamorce le tout.
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A force de croire à un complot fantoche (personne n'est dupe et connaît les dérives contemporaines de la lucarne), Salinger et son entreprise stakhanoviste s'essoufflent à s'ébrouer dans un verre d'eau. A se travestir en mauvaise conscience de la TV et du nivellement par le bas, il en oublie d'être immunisé face à la contagion qu'il se plaît tant à accuser. La conséquence ne peut qu'être une énième galéjade, lestée d'un esprit révolutionnaire de boudoir.
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Un scénario qui pose la question : "Que faire de sa vie ?", laissant le film y répondre avec quelques sourires mais sans beaucoup de cinéma ni d'enjeux - on est véritablement face à un script de téléfilm. Le rythme, mollasson, laissant défiler des séquences que l'on regarde sans déplaisir et sans passion. D'un oeil. Las.
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Comment expliquer un tel naufrage ? Quelles peuvent bien être les raisons qui ont poussé Emmanuel Salinger, entre autres interprète et coscénariste de La Sentinelle d'Arnaud Despleschin, à s'impliquer dans cette comédie burlesque désastreuse sur les doutes existentiels d'un professeur de philosophie de province en proie aux démons de la célébrité médiatique ? (...) Le montage et la musique ont beau essayer d'égayer et de survitaminer le tout, le fond reste définitivement angoissé et dépressif. Le mariage, en quelque sorte, de la carpe et du lapin.