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Que ce soit à travers ce pitch pas très catholique (une mère et son fi ls essaient de s’entretuer) ou à travers une seconde partie dans laquelle il n’est pas interdit de voir une allusion à la politique sociale française du moment, la petite voix contestataire de Dupontel est reconnaissable, mais un ton en dessous, comme étouffée par une candeur bon enfant à la Jean-Pierre Jeunet.
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Rythmée et enjouée, cette comédie réussit donc à mêler la gravité et l'aspect cartoon. Le surjeu excessif des seconds rôles, parfois éreintant, participe à la description d'un monde malade et nauséeux. Quant au travestissement final de Dupontel, pont de passage entre différents âges et différents sexes, il provoque à la fois le rire et un malaise volontaire.
Légèrement statique dans son écriture, Le Vilain offre au final un joli conte atemporel, qui parvient à jouer sur la corde émotive tout en évitant le sentimentalisme. Attachant, drôle, speedé (1h25), jamais mielleux, le film ressemble beaucoup à son auteur et mérite le déplacement.
Toutes les critiques de Le vilain
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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On est chez Gotlib, pour prendre une référence BD qui n'a rien de gratuit au vu de la mise en scène comics look. Mais, est-ce que la présence de la grande Frot ou Dupontel qui se rassérène avec les ans, il y a, dans le Vilain, une tendresse pour les gens de peu qui ensoleille chaque scène, chaque personnage, même les plus farces.
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Passons sur l’imaginaire plastique formol du film, qui empoisonne un certain cinéma français par sa manière de fantasmer sur un état embryonnaire de l’humanité. Et regardons précisément comment Dupontel joue, enfin délivré de ses carcans. Animé d’une fébrilité scrogneugneu, le corps comme faisant une allergie au monde entier, tenté par une méchanceté radicale qu’il maintient comiquement en laisse, il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue la confusion : un ange boiteux passe dans sa tête, léger brouillard dans le regard et dans le cerveau, répliques obscures pour se sortir de la situation, bref une forme de survie totalement hasardeuse, puis fuite en trombe. Rien que pour ça, allez-y.
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Sous les traits de Catherine Frot, habilement travestie en vieille dame aux cheveux blancs. Avec, en fond, une petite musique qui fait penser à du Jeunet et une galerie de personnages secondaires très barrés, Dupontel signe une fable franchement burlesque, souvent acide, toujours drôle et finalement tendre. Moins foutraque et survoltée aussi.
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On sent la complicité du tandem, prêt à envoyer valser les diktats de la comédie consensuelle. On navigue dans le loufoque, le semi-fantastique, le vachard, et la tendresse aussi, un peu, parce qu'il faut de tout pour faire un bon film.
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Cette comédie burlesque se révèle plus accessible que Bernie ou Enfermé dehors. Dupontel n'a pas perdu son insolence revigorante, ni son goût pour les courses-poursuites délirantes. Son Vilain est un régal vitaminé pour toute la famille.
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Peut-être est-ce le postiche gris de Catherine Frot ou la capacité de Dupontel à faire traverser les épreuves les plus terribles à ses personnages, mais ces deux-là évoquent la mémé et le Grosminet qui entourent Titi le canari, de Fritz Freleng. [...] Le Vilain est un film qui emporte ses acteurs dans un univers régi par des lois comiques qui, quoique incompatibles avec la gravité, ont fait leurs preuves, de Mack Sennett à Tex Avery. [...] C'est qu'Albert Dupontel est une espèce de Mel Gibson du burlesque, qui aime se montrer en grande douleur, passant vite du stade méchant à l'état de benêt victime de sa maladresse. On croyait toutes ces vieilles recettes retirées de la circulation, remplacées par la parodie et le second degré. En fait, il suffit d'y croire pour leur redonner toute leur saveur.
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Avec la vivacité d'un cartoon Tex Avery et la fluidité d'un conte de fées à la Frank Capra, Dupontel orchestre une comédie vivace et colorée, qui rappelle par instant l'esthétique Amélie Poulain d'un Jean-Pierre Jeunet au mieux de sa forme. Mais le petit grain de folie qui emporte l'adhésion des spectateurs c'est la performance de Catherine Frot, qui transcende ce tragique affrontement oedipien en une comédie rythmée, hilarante, empreinte d'un revigorante folie douce.
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Ceux qui ont aimé « Bernie » ou « Enfermés dehors » apprécieront ce nouveau Dupontel. Moins noir, il creuse la même veine burlesque et témoigne d’une dinguerie assumée, au service d’une histoire truffée de personnages attachants et d’inventions rigolotes. A part la tortue du film, héroïne d’un gag animalier, qui s’en plaindrait ?
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On aime bien le Dupontel dingo et méchant. Pourquoi s'obstine-t-il alors à vouloir paraître bon ? Le personnage de la sainte mère, malgré son basculement dans le mal, reste assez lisse : Catherine Frot a peu de marge de manoeuvre. Dupontel devrait oublier la sensiblerie et assumer pleinement son sens de la singerie et de la farce.
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(...) l’imaginaire de l’acteur-réalisateur se fait ici plus enfantin, sa manière plus proche d’un Jean-Pierre Jeunet, au risque d’affadir un peu cet amusant cartoon social, dont on n’oubliera ni le gag à répétition de la tortue revancharde ni les délectables apparitions de Nicolas Marié en docteur maboul.