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Douze ans après l’étrange mais inabouti Confort moderne, Dominique Choisy filme les mésaventures tragico-burlesques de Violette et Gabriel, deux êtres un peu paumés que le destin, facétieux, va réunir. Construit suivant le rythme des saisons, Les fraises des bois se distingue par son réalisme absurde, teinté d’humour noir, plutôt rare en France –Leconte s’y est essayé sans succès dans les années 90. La démarche, hautement respectable et soldée par quelques scènes troublantes, nécessitait cependant une direction artistique et d’acteurs moins approximative.
Toutes les critiques de Les Fraises des bois
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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par Thomas Baurez
La mise en scène séduit dans sa capacité à traiter, sur un même plan, fantaisie, tension et humour, sans que jamais une émotion ne vienne cannibaliser la mélodie insolite du film. Terriblement vivifiant!
C'est la rencontre de deux chemins de vie. (...) A une opposition radicale, violente et frontale, le réalisateur a préféré un sentier détourné, original. Malgré l'horreur des situations qui les contraignent à réagir avec brutalité, (les personnages) cultivent l'art de basculer soudain vers la légèreté. (...) On pense qu'ils sont fous. tant mieux!
Sous son aspect de drame social naturaliste, Les fraises des bois cache en réalité une œuvre fantaisiste qui préfère les marges aux chemins tout tracés. Au risque de se perdre…
Charmant, léger et tordu.
(...) une fantaisie féroce, quoiqu'un peu tirée par les cheveux.
A force de jouer sur l'ellipse et la distanciation, il finit par diluer son propos, par le rendre vaporeux. (...) Là se trouve hic : le film manque d'ancrage. (...) Ces "Fraises des bois" plastiques et immatérielles ne sont pas roboratives.
C'est un petit conte délicat et cruel qui a (...) un problème embêtant : on s'intéresse beaucoup au héros, mais nettement moins à l'héroïne. (...) Son originalité butte, néanmoins, sur son goût de la distanciation, comme si Dominique Choisy préférait constamment l'intelligence à l'émotion.
Dominique Choisy (« Confort moderne ») tire une fable amorale, étouffée par son principe trop systématique de contre-pied absurde. L’humour noir peine à percer sous l’auteurisme grisâtre. Et quand la scène de fin, très belle, souffle enfin un peu d’air frais, il est trop tard.
Dommage qu'au final, ce soit l'oeuvre qui apparaisse victime de son propre système, aussi bien par excès de raideur que par une certaine timidité devant le potentiel trouble et dérangeant de son propos.
Malgré son style ouvragé et de bons acteurs, [Dominique Choisy] n'aboutit pas à grand-chose.
Dominique Choisy titille l'absurde et l'humour noir sans jamais prendre son taureau par les cornes.