- Fluctuat
On avait tort de se délecter à l'avance de cette prestigieuse distribution mise au service des qualités d'écriture de l'auteur de « Rien sur robert » et « Encore ». Pascal Bonitzer décline, sur un mode mineur, de petites scènes, certes fort bien écrites, mais qui nous laissent un léger sentiment de frustration... Il ne trouve jamais ni son rythme, ni son genre.
Bruno (Daniel Auteuil), journaliste communiste, quitte Paris pour prêter main forte à son oncle en campagne électorale dans une petite ville proche de Grenoble. Sa femme vient de faire connaissance avec sa maîtresse, et cette escapade tombe à pic pour se ressourcer... Mais victime de son indécision, il s'enfonce sur un tortueux chemin balisé de femmes qui le conduisent un peu plus à sa perte.Voilà un film dont on se délectait à l'avance : une distribution prestigieuse (Auteuil, Scott Thomas, Emmanuelle Devos, Ludivine Sagnier, Jean Yanne) mise au service des qualités d'écriture de l'auteur de « Rien sur robert » et « Encore ». Ces deux films, tout en nuances, avaient su nous toucher grâce à des sujets traités avec justesse et modestie.Il peut sembler paradoxale, dès lors, de faire la fine bouche devant une oeuvre qui ne s'écarte guère de cette ligne. Reprenant des thèmes déjà abordés (difficulté de l'engagement, faiblesse masculine face à la gente féminine...), Pascal Bonitzer décline, sur un mode mineur, de petites scènes fort bien écrites, qui illustrent un propos cohérent depuis que ce scénariste reconnu (Rivette, Téchiné et Raoul Ruiz) est passé derrière la caméra.D'ailleurs, on espère le meilleur après un début séduisant : une brève échappée en province, via une voie rapide qui s'enfonce dans un étouffant corridor montagneux. Hélas, ce sentiment d'attente restera notre plus fidèle compagnon tout au long d'un récit qui ne se décide jamais à choisir sa route.Ni comédie, ni drame, ni vaudeville (comme le suggère K. Scott Thomas), ce film reste à la lisière des choses, des genres et des thèmes. Il en effleure certains, sans s'y engager réellement, à l'image d'un héros qui éprouve les pires difficultés à prendre des décisions, à être clair avec lui-même et les autres. En cela, on peut dire que la forme du récit épouse parfaitement les hésitations et les incertitudes du personnage. Pourtant, cette absence de choix devient lassante. On aurait aimé, par exemple, que les prémisses du conte fantastique, mâtiné d'absurde, qui affleure à mi-chemin, soit un peu plus développé. Hélas, comme les autres pistes qui s'ouvrent au fur et à mesure, celle-ci se refermera un peu trop tôt.
On en reste au stade des intentions diffuses, des promesses entrevues.Les acteurs ne sont pourtant pas non plus à remettre en cause. K. Scott Thomas, mystérieuse et vénéneuse, est excellente et Auteuil égal à lui-même... Cependant, c'est peut-être la somme de ces « grands » (acteurs, décors, multiplicité des pistes), en contradiction avec un traitement minimaliste et une absence d'orientation affirmée, qui amène ce sentiment de déséquilibre.Au final, cette magie des petits riens qui avaient su nous séduire précédemment n'opère pas et le résultat est frustrant. « Parole, parole » aurait chanté Dalida en sortant de la salle, toujours des paroles, rien d'autres que des paroles.Petites Coupures de Pascal Bonitzer
Avec Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Devos, Ludivine Sagnier, Jean Yanne...
Petites Coupures