Toutes les critiques de Quand tu seras grand
Les critiques de Première
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Première
par Thierry Chèze
Cinq ans après le Césarisé Les Chatouilles, le duo Andrea Bescon- Eric Métayer est de retour. Enchaîner après un film inspiré à la première par une tragédie intime (les abus sexuels vécus dans son enfance) et qui venait parachever tout un parcours artistique, né avec un seule en scène (couronné par un Molière) n’a sur le papier rien de simple. Et pourtant on ne sent jamais le duo empêché par quoi que soit. Sans doute car il reste fidèle ce qu’il anime : cette volonté de s’attaquer de front à une question de société brûlante dans une fiction documentée avec soin assumant une émotion à fleur de peau qui fera pousser des cris d’orfraie à ceux qui ne jurent que par la mesure et l’intériorité. Dans leurs films, on crie, on pleure, on rit… On extériorise pour mieux supporter l’insupportable. En l’occurrence ici l’état à bout de souffle des Ephad avec ses soignants exténués, ses moyens en berne, ses patients délaissés par leurs proches qui ne veulent pas se confronter à leur future décrépitude. C’est ce chaos que scrutent ici les deux réalisateurs en confrontant ces personnes âgées à des enfants venus partager leur cantine, après la fermeture momentanée de celle de leur école. Ils filment ce choc des générations en montrant ses bienfaits sans verser pour autant dans l’angélisme, comme des parenthèses enchantées dans un univers où la mort est un fait quotidien. Tout n’est pas parfait, certains échanges trop attendus, des personnages parfois réduits à des archétypes mais le vent de tendresse sincère qui souffle sur ce récit finit par emporter tout ou presque sur son passage.