Disponible en VOD depuis peu, Birds of Prey remet Harley Quinn sur le devant de la scène. En mars 2019, Première prenait la direction de Los Angeles pour assister au tournage du film DC.
Ça a dû cogiter sévère chez Warner Bros. Après le naufrage créatif qu’était Suicide Squad en 2016 (tout de même 746 millions de dollars récoltés au box-office, tout va bien, rassurez-vous), quelle star de cette bande d’anti-héros méritait son film dérivé ? Will Smith? Plus trop bankable... Jay Courtney? Pas assez connu. Jared Leto? Euh… Évidemment, il était écrit que ce serait Margot Robbie, qui en plus d’avoir fait de Harley Quinn une icône, avait déjà en tête une idée de spin-off. L’univers partagé DC Comics ayant connu quelques difficultés, il aura fallu attendre près de trois ans pour que le chantier se lance. Nous voilà donc fin mars 2019, à Los Angeles, dans les studios Warner, pour visiter le tournage de Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn.
Un titre à rallonge qui cache l’histoire de femmes que tout oppose, mais dont les destins se croisent quand la pire ordure de Gotham City, Roman Sionis (Ewan McGregor) décide de mettre à prix la tête de la jeune Cassandra Cain (Ella Jay Basco), 12 ans, petite pick-pocket tombée malgré elle sur un objet de grande valeur. « Quand le film commence, Harley et le Joker se sont séparés. L’histoire est racontée du point de vue de Harley, c’est elle la narratrice. On ne voulait pas faire quelque chose d’évident : tout se déroule durant une longue journée, avec de nombreux flash-back », explique la productrice Sue Kroll, qui a dernièrement travaillé sur A star is born et Brooklyn Affairs. « Je tiens à dire que ce n’est pas un reboot. On n’a pas eu besoin de faire semblant que Suicide Squad n’existe pas puisque vous avez déjà rencontré Harley Quinn. Mais c’est une histoire indépendante. D’ailleurs, tous les films DC en production en ce moment sont des standalone », assure-t-elle, un peu gênée aux entournures quand il s’agit d’évoquer la continuité des longs métrages DC, mise à mal depuis que Justice League a fait capoter l’univers partagé et que le succès de Joker a changé la donne.
La reine Margot
En ce 43e jour de tournage (sur 63 au total), on découvre Harley Quinn et ses nouvelles copines dans une sorte de fête foraine, attaquées par des hommes de main de Sionis. Le décor, impressionnant, est notamment constitué d’un énorme toboggan sur deux étages, dans lequel se jettent Harley Quinn dans son petit haut rose, Huntress (Mary Elizabeth Winstead, qui joue la fille d’un parrain de la mafia assassiné par son concurrent Roman Sionis) et Canary (Jurnee Smollett-Bell). À la pause, Cathy Yan rejoint la presse dans une petite salle à l’écart, sans fenêtres mais avec un combo pour suivre les répétitions des cascadeurs (les mêmes qui officiaient sur John Wick et Atomic Blonde, nous assure-t-on). La réalisatrice sino-américaine a signé en 2018 Dead Pigs, inédit chez nous mais très remarqué au festival de Sundance.
Fan de Paul Thomas Anderson et journaliste au Wall Street Journal avant de fréquenter une école de cinéma, elle a également passé une maîtrise en administration des affaires : « Honnêtement, je n’y croyais pas, mais ça me sert tout le temps pour organiser le tournage », s’amuse-t-elle. D’après Sue Kroll, elle était la femme parfaite pour Birds of Prey : « On a rencontré plein de réalisateurs et de réalisatrices, mais Cathy était plus qu’épatante. Elle avait un vrai point de vue sur le film. Elle apporte un esprit indé, même si c’est un film de studio à gros budget. » « C’est vrai que je suis tombée amoureuse du script de Birds of Prey, reprend Cathy Yan. Les personnages étaient fouillés, complexes, et la structure inédite dans un film de super-héros. C’est sombre, drôle et irrévérencieux. Et puis il y a Margot Robbie... En plus de jouer le rôle principal, elle est productrice. Mais vraiment, ce n’est pas du chiqué. Elle travaille plus dur que nous toutes. Elle comprend chaque aspect d’un tournage et possède le gros avantage d’avoir déjà incarné Harley. C’est un modèle pour le reste du casting. »
Birds of Prey : le retour piquant de Harley Quinn est disponible en VOD [critique]Mansplaining et misogynie
Malheureusement absent du tournage au moment de notre visite, on croise par chance Ewan McGregor quelques mois plus tard, lors d’un junket pour un autre film. Les yeux de l’acteur s’illuminent quand on prend quelques minutes pour lui causer de Birds of Prey et de son rôle de grand méchant : « C’est un film féministe très finement écrit. Il y a dans le script un vrai regard sur la misogynie. Et je crois qu’on a besoin de ça, il faut qu’on soit plus conscients de la façon dont on se comporte avec le sexe opposé. On a besoin qu’on nous apprenne à changer. Les misogynes dans les films sont souvent extrêmes : ils violent, ils battent les femmes... Et c’est légitime de représenter de tels personnages, parce qu’ils existent et qu’ils sont évidemment ce qu’il y a de pire. Mais dans les dialogues de Birds of Prey, on retrouve toujours une allusion à la misogynie de tous les jours, à ces choses qu’on dit en tant qu’homme dont on ne se rend même pas compte, au mansplaining... Tout cela est présent dans le script de façon aussi subtile que brillante. » On a très envie de lui faire confiance.
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