La naissance d'un metteur en scène à suivre de près : Ameen Nayfeh
200 mètres, c'est la distance qui sépare Mustafa (Ali Suliman, impressionnant) et sa femme, installée avec leurs trois enfants de l'autre côté de ce mur construit par Israël à partir de 2002. Chaque soir ou presque, côté Palestinien, Mustafa dit bonne nuit à ses enfants (qui vont à l'école en Israël) en faisant clignoter une lampe de poche. Et chaque jour ou presque, quand il doit s'y rendre, il faut montrer patte blanche (carte d'identité, permis de travail...) et passer par le filtre des checkpoints. Un parcours du combattant qui relève de la mission impossible en absence des papiers requis. Soit précisément ce que Mustafa va devoir vivre ce matin où, apprenant que son fils a eu un accident, il découvre que sa carte d'identité périmée ne lui permet pas de le rejoindre. Une seule solution s'impose alors à lui : faire appel à des passeurs. Débute alors un road movie à la tension étouffante où chacun des clandestins (dont une documentariste allemande) embarqués dans ce périple de tous les dangers se méfie des autres, vus comme autant de possibles traîtres. Qui croire ? En qui avoir confiance alors que votre vie ne tient qu'à un fil, entre possibles passeurs arnaqueurs et des militaires israéliens sur les dents ? Pour son premier long métrage, Ameen Nayfeh fait preuve d'un sens du suspense insensé pour raconter une oppression quotidienne en poussant au bout la logique absurde de la situation de ce coin du monde où le mot paix semble rayé de la carte pour un long moment encore. Du grand, très grand cinéma politique.
De Ameen Nayfeh. Avec Ali Suliman, Anna Unterberger, Lana Zreik... Durée: 1h37. Sortie le 9 juin 2021
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