Lorsque Claude Cheysson, ministre des relations extérieures de François Mitterrand, arrive en 1982 à Alger, où il s'agenouille devant la tombe des héros du FLN, les drapeaux de Montpellier sont en berne. Une manière pour Georges Frêche de montrer son soutien aux nombreux pieds-noirs qui peuplent la région du Languedoc-Roussillon. Le baron de Montpellier Le maire de Montpellier élu en 1977 s'amuse à contourner les idées de son parti, le PS, pour s'attirer des électeurs. Débarqué de Paris en 1957, où il étudie à HEC puis le droit, Georges prend conscience de l'importance du vote pied-noir dans le sud-ouest. En 1981, se présentant pour la deuxième fois aux élections législatives, il échoue contre le candidat UDR. Georges Frêche se rapproche du candidat FN et de ses électeurs, tentant ainsi de grappiller ses 5% de voix. L'essaie échoue, mais l'ancien député est réélu. Mégalo et franc-parler Sa nomination à la tête de la section PS de sa région l'entraîne dans la constitution d'un vaste réseau. De gauche ou de droite, pied-noir ou non, élu local ou entrepreneur, Georges Frêche séduit à tout-va. Sa bonhomie, sa franchise et son humour sont ses meilleurs atouts. A la tête du district de Montpellier, la mégalomanie de l'élu en irrite certains au sein de son parti. Georges Frêche ménage la chèvre et le chou : construction d'infrastructures et de nouveaux quartiers dans Montpellier, fondation de lieux de cultes pour les communautés juive et musulmane. Depuis qu'il préside le Languedoc-Roussillon, Frêche voit tout aussi grand pour la région. Une campagne de marketing sur les produits du Sud, la tentative de changement du nom de la région en Septimanie, l'amélioration des infrastructures routières. Le budget qu'il fait voter en 2006 fait dire à Nicolas Sarkozy qu'il devrait recevoir la "palme nationale de l'augmentation des impôts". Confortablement installé à son poste, Georges Frêche est omnipotent dans le sud-est. "L'Imperator" ne cache donc plus ses opinions. Comme lorsqu'il traite les harkis de "sous-hommes" ou considère l'équipe de France un peu trop colorée. L'homme est pourtant foncièrement de gauche et déteste Jean-Marie Le Pen, mais il faut bien ménager ses électeurs.Frêche vs la direction du PSUne langue bien pendue qui lui vaudra un déboire majeur : Georges Frêche se fait déboulonner du PS en 2006. Sa popularité parmi les militants reste intacte, ils votent massivement pour lui au moment de la désignation des listes socialistes aux régionales 2010. Les instances nationales du parti se retrouvent dans l'embarras, puis décident de ne pas placer de candidat en face de lui, dans la seule stratégie de bloquer la droite dans la région. Une aubaine pour l'UMP, qui récupère les polémiques lancées par leur adversaire pour le mettre à mal, et l'utilisent aussi comme contre-argument dès qu'on les taquine sur les dérapages du débat sur l'identité nationale entamé fin 2009. Mais ça devait paraître trop calme pour l'intéressé. Le 22 décembre 2009, Frêche, alors en plein conseil de région, répond à une pique que Laurent Fabius lui a adressé deux jours plus tôt dans une émission télé. Reprenant la même phrase en la détournant, il sort "si j'étais en Haute-Normandie, je ne sais pas si je voterais Fabius. Ce mec me pose problème. Il a une tronche pas catholique". Les propos ressortent un mois plus tard et créent la polémique. Attaque antisémite ou pas ? Martine Aubry réagit en désengageant son soutien de la liste de Georges Frêche, et décide de créer une liste réellement estampillée PS, représentée par la maire de Montpellier Hélène Mandroux. Mais l'homme fort du Languedoc-Roussillon, malgré son style particulier, écrase sa concurrente au premier tour et s'impose facilement au second... Emporté par une crise cardiaque Ce sera le baroud d'honneur de Georgres Frêche, le pourfendeur du parisianisme qui aura tenu tête à la direction du PS depuis son fief local. Le 24 octobre 2010, il est emporté par une crise cardiaque, à l'âge de 72 ans. Tous ses rivaux (Aubry, Fabius, et même Mandroux) laissent de côté leurs griefs pour saluer le "grand élu visionnaire et bâtisseur" (Aubry) qui "avait le souci du peuple" (Hamon) et a marqué l'histoire de Montpellier pour "en faire une très grande capitale non seulement régionale mais nationale et internationale" (Mandroux). Un hommage teinté d'une hypocrisie de circonstances, mais aussi révélateur de l'ambigüité d'un personnage détestable pour les uns, remarquable pour les autres. Point fort : Très actif Point faible : Ses citations Carrière 1961, Diplômé de HEC Paris 1965, Entre à la Fédération des cercles marxistes-léninistes 1969, Adhère à la SFIO 1973-1978, 1981-1986, 1986-1993, 1997-2002 Député de l'Hérault 1977-2004 Maire de Montpellier 1977-2004, Président du district de Montpellier Depuis 2004, Président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon Depuis 2004, Président de la Communauté d'agglomération de Montpellier
Nom de naissance | Frêche |
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