Le danseur et chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui voit le jour à Anvers en 1976. Marocain de par son père, il est aussi flamand par sa maman, son modèle intellectuel. Car, même si celle-ci est empreinte de la culture de son mari, elle n’a jamais cessé d’être elle-même : curieuse, empathique, courageuse et pleine d’amour et d’énergie.Ce métissage sagace fait de lui un personnage flibustier et intrépide allant jusqu’à se teindre les cheveux en blond platine, dans un joli contraste avec ses traits maghrébins. Il cultive cette même ambiguïté grâce à son minois mi-ange mi-prophète. Et son parcours sera tout empreint de cette ouverture vers le monde, de cette absorption des cultures et de métissage.Tout petit, son éducation puise ses sources tant à l’école coranique que sur les bancs de l’école publique. Il touche aussi à la peinture et s’essaie a la reproduction des maîtres flamands. Mais très vite c’est la danse qui l’appelle, et sur le tard, à 16 ans, il se lance dans l’arène. Après les cours de danse reçus, Sidi Larbi Cherkaoui devient danseur de spectacles de variété sur la télévision belge.pagebreakTenace, ambitieux, il entame une formation de danse contemporaine afin de devenir le professionnel qu’il désire tant. Pour cela, il vise haut et choisit l’une des écoles de danse contemporaine les plus importantes: l’Ecole P.A.R.T.S (Performing Arts Research and Training Studios) fondée à Bruxelles en 1995, par la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker.Au cours de sa formation, Sidi Larbi travaille en parallèle avec les compagnies de hip-hop Bang Gang et de modern jazz Extravadance en Belgique. Par la suite, il se rend à New York pour suivre des cours au Broadway Dance Center.Bosseur chevronné, il étonne le jury par sa détermination et sa souplesse qui frôle le contorsionnisme et obtient le premier prix pour le meilleur solo de danse lors d’un concours organisé en 1995 par le chorégraphe et metteur en scène Alain Platel.pagebreakRassuré par son succès mais gardant la tête sur les épaules, il s’attelle à une pièce qu’il intitule Rien de rien. Grâce à cette œuvre d’envergure, il gagne le Special Prize au BITEF Festival à Belgrade en 2001 et il ne lui en faut pas plus pour briller et intriguer le monde de la danse contemporaine.En 2002, il crée It avec le danseur et le chorégraphe Wim Vandekeybus et la compagnie de danse contemporaine Ultima Vez que ce dernier a fondé en 1986. Dans la même année, Sidi Larbi Cherkaoui enchaîne avec Ook au théâtre STAP et D’avant.La polémique vient avec Foi en 2003. Cet opus évoque la souffrance d’anges gardiens angoissés et montre le syncrétisme et la profondeur toute particulière de l’expression de celui qui apparaît comme une icône de la danse contemporaine. Adulé et critiqué, cet européen issu de l’émigration ouvre avec talent une nouvelle voie à ces secondes générations. Mais cette seule identité n’est pas la clé de sa réussite, c’est une véritable inspiration qu’il instille dans son œuvre et une aura mystérieuse qui entoure ses prestations qui le hissent au sommet.pagebreakSidi Larbi continue de faire rêver et enchaîne les créations avec ses pièces comme Tempus fugit et In memoriam en 2004, Corpus Bach et Loin pour le ballet en 2005. La même année, il crée et danse avec le danseur chorégraphe Akram Khan, Zéro Degrés. Cette pièce réussit à mettre en scène des situations humaines extrêmes et témoigne des chocs culturels, thématique chère au Belgo-Marocain.En 2006, Sidi Larbi choisit des œuvres de Schütz pour illustrer sa pièce Mea Culpa jouée pour les Ballets de Monte-Carlo. En effet, le chorégraphe est tombé sous le charme de la musique de Schütz grâce à Jean-Christophe Maillot, chorégraphe, qui a contribué aussi à la création de la pièce.Sidi Larbi Cherkaoui séduit encore avec End en 2006, puis trois pièces en 2007: L’homme de bois, Myth et Apocrifu.Il enchaîne sa prolifique œuvre en créant en 2008 deux pièces: Origine et Sutra. Dans la première pièce, chargée d’émotion, Sidi Larbi réuni avec subtilité quatre danseurs d’origines complètement différentes et des quatre coins du monde: Japon, Islande, Afrique du Sud et les Etats-Unis. pagebreakPuis Sutra, véritable carnet de voyage, dans laquelle l’infatigable Sidi Larbi nous emmène vers l’épicentre du Kung-fu: le temple Shaolin. Dans une recherche d’authenticité, le chorégraphe ira chercher son inspiration au sein même d’un monastère situé à Kaifeng, en plein cœur de la Chine.Cet astre contemporain insuffle à la danse un souffle mystique tout en restant en contact avec les réalités sociales les plus actuelles. En 2010, il fonde une nouvelle compagnie, Eastman, et remporte un franc succès avec Babel (words) dernier volet de son triptyque commencé avec Foi et continué avec Myth.