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Tel un opéra bâti en trois actes, ce mélo emprunte autant à la littérature de Flaubert qu’au théâtre de Shakespeare, à la tragédie grecque, au roman de gare et au cinéma de Visconti ! C’est d’autant plus louable que complètement à contre-courant de la tendance actuelle. Cependant, ici, le pire et le meilleur se côtoient. Dans la première catégorie, la musique de John Adams surligne jusqu’au pléonasme toutes les scènes. Dans la seconde, il faut reconnaître au film un casting sans faille, dominé par Tilda Swinton, immense comédienne qui sauve du ridicule chaque frémissement de son personnage.
Toutes les critiques de Amore
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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C'est un film dans L'Italie d'aujourd'hui qui réussit tout à la fois à être une tragédie grecque, un roman de gare et un mélo à l'eau de rose dans un décor fastueux digne de Visconti.Autant dire que ces deux heures dans une salle de cinéma valent le détour pour regarder vivre et se fracasser une grande famille italienne. D'autant plus que le pilier central de cette histoire d'amour est la hiératique et très belle actrice Tilda Swinton, qui impose par sa simple présence une élégance à l'image.
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(...) un magnifique portrait de femme qui réussit à exister enfin dans le regard des autres en se libérant de toutes ses contraintes, non sans en être passé par des drame éprouvants. Tilda Swinton continue de tracer son chemin, avec éclat.
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Sur un thème archiconventionnel — la révolution de la passion dans le quotidien rangé d’une grande bourgeoise —, Luca Guadagnino réussit un drame social et sensuel d’une grande beauté.
Comme réveillée par la cuisine d’Antonio, Emma quitte sa villa somptueuse et étouffante pour découvrir un jardin baigné de soleil et, en s’abandonnant à l’amour, revient à la vie. La justesse, la classe et la douceur de Tilda Swinton balaient toute résistance. -
Le jeune metteur en scène n'aurait pas pu faire exister son film sans Tilda Swinton. On dirait qu'elle a mis dans ce rôle la quintessence de ses expériences précédentes, de la souveraineté glaciale de Narnia à la fragilité abjecte dont elle faisait preuve dans Michael Clayton. Luca Guadagnino la filme avec une fascination obsessionnelle. Tantôt, il s'abîme dans la spirale de son chignon (comme le faisait Alfred Hitchcock dans celui de Kim Novak), tantôt il dévoile son corps le temps d'une séquence amoureuse qui doit beaucoup à D. H. Lawrence.
Amore (qui s'appelait en italien Io sono amore, "je suis amour") n'est pas un film parfait. Il est plein de digressions inopportunes - les révélations sur la sexualité de la jeune Betta (encore que Guadagnino tire le meilleur parti des correspondances entre les physionomies de Tilda Swinton et Alba Rohrwacher), les tribulations économiques de la tribu Recchi. Et le scénario (oeuvre collective sur une idée du réalisateur) ne se hisse pas toujours à la hauteur de la mise en scène. Mais il faut fouiller dans sa mémoire pour en rapporter ces réserves, qui restent cachées par l'éblouissement que provoque la projection d'Amore sur grand écran. -
On pense à Douglas Sirk, à Visconti, de belles références pour ce mélo de haut vol, stylé et sophistiqué, aux cadrages audacieux, à la belle lumière. Il débute dans une ville sous la neige, dans une demeure au décor riche et pesant. Des couleurs froides et ternes, des bruits étouffés, à l’image de la vie d’Emma. D’elle, on apprendra peu : elle est russe, elle a autrefois changé de prénom… Une femme figée dont la renaissance passe par le corps et des sensations aussi primaires que le goût d’un plat, le parfum des fleurs, une coiffure libre. Sa passion interdite révèle une famille et ses secrets, confrontée, comme « Les damnés », à des bouleversements économiques, à des mœurs libres. La séduction singulière de Tilda Swinton sert magistralement son personnage, énigmatique et refoulé, qui parcourt, de la neige au soleil, un chemin digne d’une tragédie antique.
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Belle idée, viscontienne pour le coup, comme un bon dessert au terme d'un repas qui a duré un peu trop longtemps.
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Un mélo kitsch et esthétisant un peu écrasé par le poids de ses ambitions et des références mais qui ne manque cependant pas d’atouts pour séduire
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Le titre original, Io sono l'amore (Je suis l'amour) ne respire pas la modestie. Le film, non plus. Ambitieux - voire prétentieux -, il se présente comme un opéra en trois actes, brassant des références aussi écrasantes que Visconti, la tragédie grecque et L'Amant de lady Chatterley. La première scène, un repas familial chez de riches industriels milanais, est époustouflante, digne des Damnés. D'autres plans, qui isolent, dans un grand hall en marbre beige, une mère de famille, soudain éveillée à la passion, ne déplairaient pas à Antonioni. Mais seuls l'élégance et le mystère de la grande comédienne Tilda Swinton empêchent une (longue) partie de campagne et de jambes en l'air, avec marguerites et libellules, de sombrer dans le ridicule... Dommage car, par moments, ce drame sur l'identification (et l'émancipation) d'une femme a vraiment la classe...