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Choix n°1 : The Secret de Pascal Laugier, avec Jessica Biel, Stephen McHattie, William B. Davis...Synopsis : Chaque année 750 000 enfants disparaissent aux États-Unis. La plupart d’entre eux sont retrouvés dans l’heure ou les jours qui suivent. En revanche, 0.3% d’entre eux disparaissent à jamais sans laisser de trace. A Cold Rock, petite ville minière isolée, plusieurs disparitions suspectes ont été répertoriées ces dernières années. Chaque habitant semble avoir sa théorie sur le sujet mais pour Julia, qui fait office de médecin dans cette ville sinistrée, ce ne sont que des légendes urbaines. Une nuit, son fils de 5 ans est enlevé sous ses yeux par un individu mystérieux. Elle se lance à sa poursuite sachant que si elle le perd de vue, elle ne reverra jamais son enfant.L'avis de Première : Une bonne partie de l’intérêt de The Secret vient de ses brusques virages narratifs, dont on finit par comprendre qu’ils correspondent à des changements de point de vue. Au départ, on partage celui du personnage principal, interprété par Jessica Biel (excellente dans un rôle complexe et ambigu), avant de se rendre compte que le reste de la population n’apprécie pas tant que ça cette infirmière trop dévouée. Un peu à la manière de Rashômon, The Secret superpose subtilement les parcelles subjectives de vérité pour dévoiler une réalité dérangeante, mettant le spectateur au défi de juger les uns et les autres. Pascal Laugier (Martyrs) orchestre ce puzzle avec virtuosité et énergie, brouillant les cartes des genres tout en garantissant une expérience très intense.Bande-annonce :Choix n°2 : Killer Joe de William Friedkin, avec Matthew McConaughey, Emile Hirsh, Juno Temple...Synopsis : Chris, 22 ans, minable dealer de son état, doit trouver 6 000 dollars ou on ne donnera pas cher de sa peau. Une lueur d’espoir germe dans son esprit lorsque se présente à lui une arnaque à l’assurance vie. Celle que sa crapule de mère a contractée pour 50 000 dollars. Mais qui va se charger du sale boulot ? Killer Joe est appelé à la rescousse. Flic le jour, tueur à gages la nuit, il pourrait être la solution au problème. Seul hic : il se fait payer d’avance, ce qui n’est clairement pas une option pour Chris qui n’a pas un sou en poche. Chris tente de négocier mais Killer Joe refuse d’aller plus loin. Il a des principes…Jusqu’à ce qu’il rencontre Dottie, la charmante sœur de Chris. Alors Killer Joe veut bien qu’on le paye sur le fric de l’assurance si on le laisse jouer avec Dottie.L'avis de Première : William Friedkin a 77 ans, une flopée de chefs-d’oeuvre au compteur (French Connection, L’Exorciste, Police fédérale Los Angeles...) et une réputation de tyran des plateaux à faire pâlir David O. Russell. C’est une légende vivante, le seul représentant du Nouvel Hollywood – avec Coppola – à n’avoir jamais courbé l’échine devant la toute-puissance des studios, ce qui lui a valu d’être marginalisé au cours des années 1990 et 2000, période de disette qu’il a mise à profit pour devenir metteur en scène d’opéra. Sa renaissance cinématographique a eu lieu en 2007 avec Bug, objet inclassable, entre huis clos mental, dispositif expérimental et film d’épouvante, qui a révélé le jeu intensément fracassant de Michael Shannon. À cette occasion, Friedkin a surtout rencontré Tracy Letts, dramaturge accompli qui adaptait là pour la première fois sur grand écran l’une de ses pièces. Les deux compères récidivent aujourd’hui avec Killer Joe qui, plus encore que Bug, établit définitivement une parenté entre le travail de Letts et celui de Tennessee Williams. Les deux auteurs partagent la même tendresse pour les exclus et les personnes émotionnellement fragiles qu’ils plongent, non sans un certain sadisme, dans des situations impossibles afin d’observer leurs réactions, tels des entomologistes. Avec la famille Smith, on est servi : le fils, Chris, est un petit dealer irresponsable ; son père, Ansel, un minable sans coeur ; sa belle-mère, Sharla, une cougar vulgaire ; Dottie, un ange ambigu. Cette dernière apparaît comme une sorte d’épigone de Blanche DuBois, la névrosée ultime décrite par Williams dans Un tramway nommé Désir. Comme elle, Dottie est une fausse victime qui, obéissant à ses pulsions et/ou à ses fantasmes, déclenche autour d’elle l’apocalypse, incarnée ici jusqu’à la fascination et l’écoeurement par Killer Joe – l’un des personnages les plus mythologiques de la décennie. On entend déjà les moralistes de tout poil crier au scandale devant ce film outrancier, parfois très cru, qui renvoie dos à dos tous ses personnages sans leur chercher véritablement d’excuses, mais sans les condamner non plus. La dernière séquence, déchaînement de violence inouïe (qui, comme toujours chez Friedkin, relève de la pure catharsis), est sans doute ce qu’on a vu de plus impressionnant et de plus dérangeant depuis un bon bout de temps. À tout bien considérer, depuis Bug.Bande-annonce : Choix n°3 : Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer, avec Jean-Pierre Bacri, Kristin Scott-Thomas, Isabelle Carré...Synopsis : Damien, professeur de civilisation chinoise, vit avec sa femme, Iva, metteur en scène de théâtre, et leur fils Noé. Leur histoire d'amour s'est enlisée dans une routine empreinte de lassitude. Pour éviter à une certaine Zorica d'être expulsée, Damien se trouve un jour piégé par Iva, qui le somme de demander l'aide de son père, conseiller d’État, avec lequel il entretient une relation plus que distante. Cette mission hasardeuse plonge Damien dans une spirale qui va bouleverser sa vie.L'avis de Première : Ce sujet dans l’air du temps est prétexte à une tragicomédie sur les rapports humains. Dès les premières minutes – un échange amoureux peu convaincant entre deux comédiens sur scène –, on sait qu’il sera question du sentiment sous toutes ses formes. Et que les apparences trompeuses seront au centre de ce sixième long métrage du réalisateur de Rien sur Robert. « J’ai des rapports simples avec personne, et surtout pas avec mon père… » Cette réplique semble taillée sur mesure pour Jean- Pierre Bacri, qui s’en empare avec délices. Comme il empoigne le rôle de Damien, homme sans qualités, mari banal, sans doute bon professeur (de civilisation chinoise), qui se réveille aux côtés d’une inconnue férue de ses travaux sur… le sourire ! Autour de lui, de Claude Rich à Isabelle Carré, les acteurs se régalent. Sous des dehors intellos et bavards, Cherchez Hortense cache, comme ses personnages, un réjouissant jeu de piste.Bande-annonce : Les autres sorties de la semaine sont ICI.