Dans le cadre de son émission Place au cinéma sur France 5, Dominique Besnehard présente Espion, lève-toi d’Yves Boisset
Yves Boisset restera comme le maître du polar politique en France. En 1981, quand il réalise Espion, lève-toi le cinéaste sort de films coup-de-poing sur des sujets controversés comme l'affaire Ben Barka (L'Attentat), ou la corruption des politiques (Le Juge Fayard dit "Le Shériff"). Ici, il adapte un polar d’espionnage de la collection Série Noire signé George Markstein, auteur notamment du scénario de la série Le prisonnier.
L’action se déroule à Zurich, Sébastien Grenier vit, en apparence, une existence tranquille de banquier suisse. En réalité, c’est en espion en sommeil depuis 8 ans qu’un attentat terroriste va réveiller. Son contact est un énigmatique personnage qui porte le nom de M. Chance. Veut-il le tuer ou le protéger ? se demande-t-on en permanence. Dans les deux rôles principaux, Lino Ventura (Grenier) et Michel Piccoli (Chance) se livrent à des joutes verbales succulentes dans lesquelles on reconnaît la patte de Michel Audiard. Ainsi dès leur première rencontre Chance s’approche en disant : « La musique italienne est encore ce que nous avons fait de mieux chez nous avec les nurses anglaises, les voitures allemandes et les films américains ». Leur duo est parfait et les deux comédiens excellent dans l’art du non-dit et de l’humour à froid.
Et puis, il y a la musique d’Ennio Morricone. Inoubliable mélodie qui vient accompagner les déambulations des espions et faire monter le suspens. Le compositeur italien retrouvait ainsi le réalisateur français 9 ans après L’attentat.
Derrière le polar, Yves Boisset ne cache pas sa critique de la politique de barbouzes de la France, changeant au gré des alliances et commanditant des assassinats sans scrupules.
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