De ses débuts dans Créatures célestes à la série Mare of Easttown, en passant par Titanic ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind, on fait le best of de l'actrice anglaise.
"Kate Winslet donne tout et se dirige encore vers les Oscars". La presse américaine encense ces jours-ci la prestation de l'actrice anglaise, photographe de guerre au cinéma dans Lee Miller. Un biopic où la Britannique de 49 ans fait encore étalage de toute sa puissance dramatique. Comme depuis trois décennies, sur le grand et le petit écran. Au point de compter déjà 6 nominations aux Oscars dont 1 statuette de Meilleure actrice sur sa cheminée, rangée aux côtés de ses 2 Emmy Awards et 5 Golden Globes. Alors à l'occasion de la sortie de Lee Miller, on a classé les meilleures performances de Kate Winslet.
10) Iris, dans The Holiday (2006)
On commence ce classement par une exception : cette comédie romantique au coin du feu a été bien mal reçue par la critique à sa sortie. Oui mais voilà, au fil des ans (et des fêtes de fin d'années), The Holiday a gagné du crédit auprès du public. Au point où la petite bluette à quatre (Kate Winslet et Jack Black / Cameron Diaz et Jude Law) est devenue une rom'com incontournable. Dans la peau de la fébrile journaliste, pathétiquement amoureuse de son boss qui l'a fait tourner en bourrique, la Britannique fait une parfaite ersatz de Bridget Jones, tendre et moelleuse comme un doudou cinématographique.
9) Nancy, dans Carnage (2011)
Devrait-elle faire plus de comédies ? Une évidence, lorsqu'on revoit Carnage aujourd’hui : très à l’aise dans ce jeu de massacre, elle trouve sa place sans effort face à un casting cinq étoiles (Jodie Foster, Christoph Waltz et John C. Reilly, rien que ça). D’abord mère BCBG qui défend son fils envers et contre tout, son personnage glisse subtilement vers la folie furieuse à mesure que le vernis social se craquelle. Complètement raide, elle balance : "Je suis contente que notre fils ait tabassé le vôtre et je me torche le cul avec vos Droits de l’Homme." Il faut la voir se moquer de son image d’actrice oscarisée et jouer l’ivresse jusqu’à vomir fièrement à grands jets sur la table basse. Un grand moment burlesque bien trop rare dans sa filmographie.
8) Juliet, dans Créatures célestes (1994)
Quand elle déboule dans ce thriller fantastique signé Peter Jackson - pas encore réalisateur du Seigneur des Anneaux - Kate Winslet n’est pas tout à fait inconnue, mais presque. Le personnage de Juliet, cette ado anglaise qui devient obsédée par Pauline (au point de la tuer), reste un tournant dans sa vie et sa carrière. Si la réalisation fantasmagorique de Jackson, ses effets visuels d'avant-garde qui évoquent l’univers fantaisiste des jeunes filles restent à l’esprit, la capacité de Winslet à rendre son personnage plus complexe que prévu, son naturel hallucinant, en font l’un de ses grands rôles.
7) Ruth, dans Holy Smoke (1999)
Que faire après le raz-de-marée Titanic ? Quels films, quels cinéastes, choisir ? Au lendemain du triomphe du film de Cameron, Leo DiCaprio et Kate Winslet avaient l’embarras du choix. L’actrice décida de mettre le cap sur l’Australie, pour tourner avec Jane Campion cet ovni loufoque aux accents new age, un drôle de huis-clos dans le désert où elle incarne une jeune femme que ses parents estiment être sous l’emprise d’un gourou, et qui se retrouve confrontée à un « désenvoûteur » moustachu joué par Harvey Keitel. « C’est le film d’une femme en colère », dit Campion de cette fable sur la domination masculine. Peut-être bien de deux femmes en colère, si l’on en juge par l’énergie féroce qui porte ici Kate Winslet. Elle tient tellement bien tête au super macho Keitel que celui-ci, déboussolé, finira par arpenter le bush dans une très seyante robe rouge.
6) Hanna, dans The Reader (2009)
Impressionnante dans la peau de cette ancienne gardienne Nazi, stationnée à Auschwitz pendant la Guerre, au passé pour le moins torturé, Kate Winslet livre une performance dure et courageuse. Si le film de Stephen Daldry (trop conciliant ?) n'a pas échappé à la controverse, l'actrice fut, elle, acclamée pour la justesse de son interprétation. D'ailleurs, elle a reçu pour ce rôle son seul et unique Oscar.
5) Marianne, dans Raison et Sentiments (1995)
Avec son look et sa silhouette si classique, Winslet était forcément parfaite pour les films d'époque. Elle a malgré tout évité les rôles à base de crinoline, sans doute pour ne pas se faire enfermer. Mais Raison et sentiment est l’exception qui confirme la règle. Dans ce quadrille ininterrompu où des amants livrés à eux-mêmes se rapprochent, s'éloignent et se rejoignent, elle incarne ici Marianne Dashwood, personnage d’amoureuse qui se débarrasse du fringant Greg Wise pour se retrouver avec un Alan Rickman d’une intensité folle. Face à lui (et face à Emma Thompson), elle prouve qu’elle peut rivaliser avec les plus grands acteurs britanniques.
4) Mare, dans Mare of Easttown (2021)
Une masterclass totale. Surfant sur le concept du flic de patelin tourmenté - rendu hyper-populaire par True Detective - la série HBO mise tout sur l'actrice anglaise, parfaite inspectrice de la banlieue de Philadelphie, flic taciturne et divorcée, mal dans sa vie et coincée face au meurtre sordide d'une gamine de 17 ans. Kate Winslet a mis les mains dans le cambouis pour ce rôle plus vrai que nature, se muant en Pennsylvanienne pur jus (allant jusqu'à maîtriser l'accent rural du coin) et portant sur ses épaules ce thriller naturaliste incroyablement captivant.
3) Clémentine, dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004)
Il aurait été facile de faire de Clémentine la méchante du couple qu'elle formait avec Joel (Jim Carrey), puisque c'est elle qui le charme, l'aide à sortir de sa coquille, puis décide de l'effacer de sa mémoire en comprenant qu'ils sont trop différents pour vivre ensemble. Pourtant, Kate parvient à faire briller son héroïne, à lui offrir plusieurs vies et facettes. Fantasque, romantique, profonde, c'est un personnage qu'elle adore. Tant et si bien qu'elle se verrait bien retrouver un jour ce rôle-clé de sa carrière : "Clémentine, j’adorerais la rejouer, confiait-elle en 2017. J’aime l’idée qu’elle se laisse aller, qu’elle est devenue grosse… Mais que ça lui plait, qu’elle se fait du bien..."
2) Rose, dans Titanic (1997)
Bien sûr, Rose DeWitt Bukater (ou Rose Dawson si vous préférez) a été le rôle le plus important de la carrière de Kate Winslet. Ne serait-ce que parce que Titanic est dans le top 5 des plus gros succès de l'Histoire du cinéma (4e avec 2,2 milliards de dollars). Mais aussi parce que l'actrice britannique, âgée d'une vingtaine d'années à l'époque, y est lumineuse. Solaire. A la fois forte face à son horrible mère et son affreux fiancé, et passionnée avec son Jake. Leur histoire d'amour sur ce paquebot n'en finit plus de faire chavirer les spectateurs, génération après génération. Mais n'aurait-elle pas pu lui laisser une place sur cette porte ?
1) April, dans Les Noces rebelles (2008)
Une décennie après avoir incarné le couple idéal Rose et Jack, Kate et Leo se retrouvent pour disséquer tous les travers de la vie à deux, à travers April et Frank. Ce drame, peinture terriblement pessimiste du rêve américain, est d'autant plus triste que ce duo si talentueux était associé dans l'esprit du public à une idée d'amour pur. Le fait qu'il ait été mis en scène par l'époux d'alors de Winslet, Sam Mendes, ajoute encore au réalisme de ce projet dur, mais fort. Elle incarne avec énormément d'émotions cette femme qui perd peu à peu ses illusions et rêve d'une autre vie, alors qu'ils s'étaient jurés, avec son mari, de ne jamais tomber dans les clichés de la vie de couple, dans le conformisme qu'ils observent dans leur voisinage. Si le tournage fut de leur propre aveu exténuant, Kate et Leo livrent tous les deux une performance d'une exceptionnelle justesse.
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