Un documentaire passionnant sur l’évolution de la représentation des transgenres au cinéma et à la télé américaines
En 1995, Rob Epstein et Jeffrey Friedman signaient avec The Celluloïd closet un documentaire référence sur la représentation de l’homosexualité au fil de l’histoire du cinéma américain et par ricochet l’évolution de sa perception par le grand public à travers ces différentes œuvres. Vingt- cinq ans plus tard, Sam Feder s’inscrit dans leurs pas avec cet Identités Trans : Au- delà de l’image, découvert lors du dernier festival de Sundance. Et il n’a pas à rougir de la comparaison.
En mêlant extraits de films, séries, talk- shows et témoignages pertinents de personnalités trans (Laverne Cox d’Orange is the new black, MJ Rodriguez de Pose, Jamie Clayton de Sense8, Lilly Wachowski…), Sam Feder signe une œuvre passionnante. Comme une machine à remonter le temps pour voir le chemin parcouru dans le regard porté par le cinéma et la télé américaines sur les transgenres, des premières apparitions de personnages travestis dans les années 1910 à nos jours. En s’appuyant sur un remarquable travail de documentation et un sens aigu du montage, Feder déroule ce livre d’images, toujours à bonne distance. Pointant à la fois les clichés moqueurs dans lesquelles les transgenres ont longtemps été enfermés et la manière dont certains carcans ont fini par voler en éclats. Identités Trans : Au- delà de l’image célèbre donc autant les avancées qu’il dénonce la discrimination sur ces écrans, souvent simples reflets de ce que les transgenres vivaient au quotidien dans la société américaine.
Mais tout cela, Feder le fait avec cette idée qu’une image vaut plus que mille discours. Il montre ainsi, par exemple, l’évolution de l’écriture des personnages trans chez Ryan Murphy entre ses séries Nip/ Tuck et Pose. Mais aussi celle des questions posées dans ses talk- shows par Oprah Winfrey aux personnalités transgenres qu’elle reçoit et qu’elle semblait regarder encore voilà peu comme des bêtes curieuses. Sam Feder n’épargne donc personne, pas plus qu’il ne passe sous silence certaines vérités pas toujours faciles à entendre : la détestation ouverte de certains homosexuels pour les transgenres. Mais il le fait sans se poser en juge ou procureur, en contextualisant toujours son propos, en ne courant jamais après tel ou tel buzz et en n’ayant en fait qu’un but : analyser le passé pour mieux comprendre le présent et aider à ce que les choses continuent à bouger dans le futur, alors que les polémiques sur le sujet sont encore légion (cf les récents propos de J.K. Rowling, dénoncés par Daniel Radcliffe et Emma Watson). Un voyage captivant dans 100 ans de cinéma et de télé américaines. Une œuvre d’autant plus engagée qu’elle ne crie pas à chaque plan.
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