The Humans de Stephen Karam
MUBI

A travers un repas de Thansksgiving de plus en plus étrange, Stephen Karam raconte la fin du rêve américain pour une grande partie de sa classe moyenne. Un objet aussi étrange que fascinant.

En portant à l’écran sa pièce de théâtre primée aux Tony Awards voilà plus de 10 ans et inspirée par la crise financière de 2007, Stephen Karam évolue sur un terrain pour le moins embouteillé côté cinéma : Thanksgiving et ses traditionnels repas de famille qui virent aux règlements de compte à balles réelles. Mais on comprend dès ses premières images sa singularité, que les échanges tendus entre les trois générations composant ses personnages compteront moins que l’ambiance dans laquelle ils se déroulent. Dans cet appartement qui donne l’impression de partir peu à peu en lambeaux et que l’atmosphère créée son directeur de la photo Lol Crawley (dont on avait pu percevoir le talent dans The O.A., la série de Brit Marling) transforme en lieu de cauchemar, qu’on pourrait croire tout droit sorti d’un film d’horreur. Une ambiance (que vient parachever un épatant travail sur le son) qui accompagne ce que raconte vraiment le film derrière les chamailleries de façade : cette crise financière qui se répand tel le plus vicieux et mortel des poisons dans cette classe moyenne pour qui le rêve américain, cette certitude que tout est possible un jour à condition de le vouloir est devenu une chimère inaccessible, provoquant tout à la fois angoisse et abattement. Et bien plus que de pleurer un passé glorieux envolé, The Humans annonce la peur d’un futur en enfer, dont la mise en scène minimaliste et le huis clos étouffant traduit brillamment l’inéluctabilité

De Stephen Karam. Avec Richard Jenkins, Jayne Houdyshell, Amy Schumer... Durée 1h47. Disponible sur MUBI à partir du 12 août 2022.