L’actrice dénonce une "époque où chacun se sent le droit de juger, d’arbitrer, de condamner".
Le 9 janvier dernier, cent femmes, dont Catherine Deneuve, signaient une tribune dans Le Monde autour du harcèlement sexuel. Elles y évoquaient « une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle » et assuraient que « la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste ». Le texte avait fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux, où il a été vivement critiqué. Catherine Deneuve a décidé de préciser sa pensée dans les colonnes de Libération, à travers une lettre publiée par le quotidien. L’actrice explique ne pas aimer cette « époque où chacun se sent le droit de juger, d’arbitrer, de condamner. Une époque où de simples dénonciations sur réseaux sociaux engendrent punition, démission, et parfois et souvent lynchage médiatique ».
Persuadée que ces « effets de meute » sont « trop communs aujourd’hui », Catherine Deneuve s’interroge sur la possibilité de « délation », « manipulation » ou « coup bas », voire de « suicides d’innocents ». Catherine Deneuve note également son « désaccord avec la manière dont certaines pétitionnaires s’octroient individuellement le droit de se répandre dans les médias, dénaturant l’esprit même de ce texte » (elle parle de Brigitte Lahaie sans la nommer). Et d’assurer que si certains hommes en situation de pouvoir profitent de leur position hiérarchique ou « d’une forme d’emprise » ont parfois des comportements inappropriés, elle croit « en la justice ».
Se revendiquant « libre », elle rappelle avoir été une des « 343 salopes avec Marguerite Duras et Françoise Sagan qui a signé le manifeste ‘Je me suis fait avorter’ écrit par Simone de Beauvoir » et se demande si à l’avenir, certains ne voudront pas procéder à « des nettoyages dans les arts. Va-t-on brûler Sade en Pléiade ? Désigner Léonard de Vinci comme un artiste pédophile et effacer ses toiles ? Décrocher les Gauguin des musées ? Détruire les dessins d’Egon Schiele ? Interdire les disques de Phil Spector ? »
Catherine Deneuve termine sa lettre en saluant « fraternellement toutes les victimes d’actes odieux qui ont pu se sentir agressées par cette tribune parue dans le Monde, c’est à elles et à elles seules que je présente mes excuses ».
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