Binoche en directrice d’institution ménagère bientôt menacée par le vent de la révolution sociale…
La bonne épouse, en salles le 11 mars 2020, a connu un joli succès dans les salles malgré le premier confinement et la fermeture des cinémas, se rattrapant durant tout l'été. Il sera diffusé ce soir pour la première fois en clair, sur France 3. Voici la critique de Première.
Depuis Le Ventre de Juliette (2003), Martin Provost ne dévie pas de sa ligne en montrant des femmes confrontées à la violence (sociale, artistique, masculine) et leur lent chemin vers l’émancipation. Avec Sage Femme, son précédent film, il a changé de ton : place à la fantaisie. La Bonne Épouse confirme cette nouvelle inclination. Il confie à Juliette Binoche le rôle de Paulette Van Der Beck, une directrice d’école ménagère chargée de préparer les jeunes filles à leur emploi de mère au foyer, soumise et souriante. Seulement, voilà, nous sommes en 1968. Les moeurs ont évolué, l’école fait moins recette, l’esprit yé-yé est dans les coeurs et dans les têtes... Quand son mari meurt brusquement et à la faveur de retrouvailles avec un amour de jeunesse, Paulette Van Der Beck se dit qu’elle a peut-être raté quelque chose. Et Martin Provost d’enfiler gaiement les clichés dans cette comédie féministe programmatique où la jolie quinqua troque les tailleurs pour les jeans, où la belle-soeur vieille fille se met à rêver au prince charmant et où la religieuse rabat-joie finit par ravaler son conservatisme old school. On pense beaucoup à Potiche, l’ironie et la méchanceté cinglantes en moins. Reste le rythme donné par la mise en scène et par l’énergie d’une Juliette Binoche qui confirme son talent sous-exploité pour la comédie. Elle entraîne dans son sillage la poétique Yolande Moreau et la fantasque Noémie Lvovsky, leur abattage reléguant à l’arrière-plan les personnages des jeunes filles, contrepoints un peu artificiels.
Bande-annonce de La Bonne épouse :
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