Le cinéaste regrette de ne pas avoir mieux géré les droits de "sa" saga horrifique.
Alors que Gladiator II vient d'arriver en salles, Ridley Scott fait le bilan dans les pages du Hollywood Reporter. A bientôt 87 ans, le cinéaste touche à tout (il aime autant la SF que les films historiques, les thrillers que les drames intimes), revient notamment sur l'un de ses premiers films, Alien : Le huitième passager (1979), qui a donné vie à une énorme franchise horrifique... qui l'a un peu dépassé, avoue-t-il.
"Quand j'ai débuté à Hollywood, raconte Scott en préambule, j'avais 40 ans. (Steven) Spielberg en avait 19, George (Lucas) en avait 20. Je crois que Francis (Ford Coppola) en avait 22 ? Ils sortaient tous, très exaltés, d'écoles de cinéma, alors que moi, j'avais simplement une bonne présentation de mes spots publicitaires."
Expliquant ensuite avoir peu de relations avec ses confrères metteurs en scène ("Cameron a toujours un mot gentil pour moi. (…) Tarantino s'entendait bien avec mon frère, mais je ne crois pas l'avoir déjà rencontré ? (…) La dernière fois que j'ai vraiment échangé avec Steven, c'était à l'époque de Munich..."), il révèle que le seul réalisateur américain avec qui il partage des notes de travail est Michael Mann, depuis qu'il lui a conseillé de rencontrer Russell Crowe, pendant qu'il préparait Révélations, un an avant Gladiator. Ce qui n'empêche pas Ridley de prendre parfois pour modèle d'autres réalisateurs/producteurs.
Ridley Scott dit qu'on ne lui a jamais proposé de réaliser les suites d'Alien et Blade RunnerInterrogé sur ses œuvres Alien et Blade Runner, il détaille qu'il aurait dû mieux assurer leurs droits, comme ont pu le faire Spielberg et Cameron sur leurs propres succès : Jurassic Park ou Terminator, par exemple, déclinés en franchises. S'ils ont parfois laissé la main à d'autres metteurs en scène pour des suites ou reboots, ils sont restés impliqués dans leur fabrication en tant que producteurs. Scott regrette ainsi la tournure prise par Alien dans les 3e et 4e opus, avant qu'il puisse revenir faire Prometheus et Covenant.
"J'ai fait Alien et Blade Runner, puis je suis passé à autre chose. J'aurais mieux fait d'en assurer les droits, comme Spielberg l'a fait sur Jurassic Park ou tous ses autres projets, ou comme Cameron peut le faire. Quand les studios payent pour faire un film, il y a toujours un moyen de vous assurer, pendant la négociations, que vous gardiez la main dessus. Quand j'ai vu Alien 2, 3 et 4, je me suis dit : 'Oh, vous avez vraiment usé le concept jusqu'à la corde'. Puis j'ai réfléchi et je suis allé voir le Tom (Rothman, le chef de la 20th Century Fox, à l'époque) et je lui ai dit : 'Ecoute, il y a un moyen de sortir de cette impasse. On devrait ressusciter Alien avec Prometheus.'"
"Ils ont gagné un demi-milliard de dollars grâce à ce film, poursuit-il. Peut-être même un milliard aujourd'hui, avec ses ventes. Je ne parle pas du box-office, mais de ses visionnages après le box-office. Je suis aussi revenu pour Alien : Covenant, et c'était un projet énorme, ambitieux, mais peut-être trop intellectuel pour s'en sortir aussi bien. Ce film a quand même engendré 250 millions de recettes, et là aussi, j'ai été assez stupide pour ne pas en assurer les droits correctement. Je ne me blâme pas, ceci dit. C'était le travail d'autres gens, avec qui j'ai arrêté de collaborer."
Invité à en dire davantage sur les négociations qui ont mené à Alien 2, 3 et 4, des suites qui n'ont pas été reçues de la même manière par le public (le film de James Cameron est globalement apprécié, ceux de David Fincher et de Jean-Pierre Jeunet ont eu des critiques plus mitigées), Ridley Scott ajoute :
Alien : Romulus, l’attaque du clone [critique]"Jim m'a dit : 'J'ai vu Alien 19 fois, et on ne pourra jamais refaire aussi peur. On a vu le monstre, maintenant, il faut faire autrement. Je voudrais proposer un film plus militaire.' Et c'est ce qu'il a fait. Il a été gentil de me présenter les choses comme ça. Et Aliens était fun. Mais après ça, les n°3 et 4... ils se sont juste évaporés. De façon ironique, cette évaporation a coïncidé avec l''aide' des effets spéciaux en numérique. Alors que dans le premier Alien, il n'y avait rien de digital. C'était simplement un mec dans un costume. C'est pour ça que c'est le meilleur de tous. Les spectateurs peuvent sentir que c'est réel."
Interrogé enfin sur les possibilités de poursuivre aujourd'hui la saga en donnant une suite à Covenant, ou alors à Romulus, de Fede Alvarez, qui est sorti cet été en salles et qui a bien fonctionné auprès du public, Scott considère que la Fox (dirigée aujourd'hui par Disney) devrait plutôt poursuivre son histoire à lui :
"Covenant, c'est le meilleur point de départ pour une suite, puisqu'on a laissé la fille endormie, que David l'androïde possède des œufs d'Alien, et qu'il y a aussi 2000 personnes qui attendent pour coloniser une planète. C'est vraiment un début parfait."
Parmi la poignée de films qu'il compte réaliser à l'avenir, Scott misera-t-il sur Alien : Covenant 2 ? Pour le moment, il boucle la promotion de Gladiator II, qui vient de sorti en salles. Voici sa bande-annonce :
Ridley Scott raconte Gladiator II : "Je me disais qu’une suite aurait pu être atroce"
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