Alors que la saison 4 de la série Engrenages avait laissé un petit gout amer, la saison 5 en diffusion dès le 10 novembre sur Canal + remet les pendules à l’heure. Engrenages est bel et bien la meilleure série policière française du moment.

Si la saison dernière, la série Engrenages s’était égarée dans les méandres de l’ultra gauche (plombée par l’interprétation de Jérôme Huguet) et la mafia russe, et lorgnait dangereusement du côté de Braquo (ah, l’explosion !), la saison 5 revient aux fondamentaux et c’est tant mieux. Car Engrenages série qui se veut réaliste et n’est jamais aussi bonne que lorsqu’elle est au plus près du quotidien, du sordide et de la misère humaine, du poisseux que côtoient à longueur de journées les hommes et les femmes de terrain : Pj, justice, avocats… Pour une fois et c’était une volonté de départ des scénaristes, tous les protagonistes vont se croiser au hasard des investigations ouvrant sur d’autres affaires ou au hasard des amitiés / amours de travail, seuls échappatoire, pour beaucoup des personnages de la série à leur sordide quotidien.Pour ce qui est du glauque et du sordide, ils seront posés dès la première scène de cette saison 7. Si c’est habituel d’avoir une scène forte au démarrage de la série, Anne Landois (la Showrunner et co scénariste) a certainement gravis un échelon supplémentaire : une mère et sa jeune enfant sont découverts ligotés dans la seine, noyées. Le dialogue de préciser que si la mère fut immergée morte, l’enfant fut, elle, immergée vivante… Glauque, sordide, banal. Tel est donc le point de départ de cette saison 5 où l’on croisera également des voyous braqueurs de distributeurs de billets à coup de voiture bélier, des jeunes de banlieue en perte de repère, réfugiées dans la violence sauvage ainsi qu’un coupable idéal, détestable au point de se demander si cela vaut la peine de se battre pour l’innocenter : Olivier Chantreau, révélation de cette saison. On est loin du Plus belle la vie de ses débuts. Citons également Shirley Souagnon, glaciale dans un magnifique contre-emploi.  Saison après saison, les acteurs principaux, comme leurs personnages ont gagné de l’épaisseur et de la bouteille (Engrenages a commencé il y a 10 ans, maintenant), ils sont encore une fois excellents : Fred Bianconi, Philippe Duclos, Gregory Fitoussi, Audrey Fleurot, Caroline Proust et Thierry Godard, tous au diapason dans une partition sans cesse en évolution. Ainsi, cette saison 7 verra le monolithique juge Roban vaciller, l’amour rendre Maitre Carlson sympathique et Berthaud confrontée à la maternité…  Saluons également, le choix et la direction des acteurs de compléments, de ses seconds rôles en grande part responsables du plaisir du spectateur et ils sont nombreux dans Engrenages, car la réalisation mets les moyens. Tous sont justes et renforcent la crédibilité des situations.  Mais une série policière c’est aussi et surtout l’histoire. Certes, elle est cette année, confondante de banalité, mais c’est ce qui fait son attrait. Pas d’esbroufe ou de rebondissements téléphonés (modulo la dernière scène de l’épisode 12 qu’on voyait largement venir depuis le premier épisode, dommage), l’enquête est crédible et c’est d’autant plus passionnant.La tension de l’enquête judiciaire et policière et palpable tout au long des 12 épisodes. Les enjeux aux mains des avocats (modulo, là aussi, l’arc narratif sur l’homme d’affaire Tarek Ziani, vu 1000 fois) sont palpables. Crédible également la mort d’un des héros de la série, l’un des réguliers cités plus haut (oui, et on ne vous dira pas qui !), en quelques secondes, au détour d’un plan sans que l’on s’y attende vraiment et c’est un choc pour nous comme les autres héros de la série.  On avait l’oublié Engrenages n’est pas qu’une série policière, c’est avant tout une série noire et la saison 5 l’est indubitablement… N. B.