La nouvelle série de fantasy d'Amazon Prime Vidéo est d'une beauté étourdissante. Mais elle semble ne jamais vraiment démarrer...
Les superlatifs ne manquent pas lorsqu'on ouvre grands les yeux devant les 8 épisodes de Carnival Row (qui sortiront ce vendredi 30 août sur Prime Vidéo) Le spectacle est effectivement splendide. Une esthétique à couper le souffle, enveloppée dans une mythologie méticuleusement élaborée, malheureusement plombée par une histoire terriblement morne et convenue.
À la base, Carnival Row est un script écrit en 2005 par Travis Beacham, pour New Line Cinema. L'idée était d'en faire un film de fantasy d'un nouveau genre, dans le style thriller neo-noir dark et sanglant. Le projet est passé entre les mains de Guillermo del Toro, puis de Neil Jordan, mais n'a jamais abouti et c'est finalement Amazon qui a récupéré ce scénario pour en faire une série de luxe. L'histoire suit Vignette, jolie fée issue d'un monde magique et florissant nommé Tirnanoc, ravagé par la guerre. Une guerre que se livrent les humains d'une riche cité nommée The Burgue, contre les brutes du Pacte, pour coloniser l'endroit. Alors que leur pays se meurt, les créatures fantastiques de Tirnanoc se voient obliger d'émigrer vers d'autres horizons. Ils se retrouvent ainsi accueillis dans The Burgue, où ils sont cantonnés à de basses besognes. Car les humains n'aiment guère cette immigration massive, et ces êtres différents sont ainsi parqués du côté de Carnival Row, un quartier défavorisé de la cité...
Ce n'est pas très subtile, mais le drama d'Amazon est une série éminemment politique, qui utilise des allégories fantastiques pour parler racisme, xénophobie et intégration. Un prisme très intéressant - bien qu'un peu simpliste - qui permettra facilement à chacun de questionner son propre degré de tolérance. On voit parfaitement où Travis Beacham veut en venir et on se laisse bien volontiers porter par ce récit aux enjeux sociétaux classiques.
D'autant que le cadre est impressionnant. Extraordinaire. Sans conteste, Carnival Row est une grande réussite artistique. Le monde victorien qui se dévoile sous nos yeux est tout bonnement sublime. La "Production Value" n'a absolument rien à envier à nombre de blockbusters du genre. Les décors sont sidérants, les effets spéciaux très convaincants (le monstre qui martyrise la ville est assez fou) et les costumes à tomber par terre. L'ambiance de Carnival Row est franchement renversante et on se plonge avec délice dans cette mythologie formidablement riche, et tellement cohérente. Et que dire du casting réuni par Amazon ? Orlando Bloom, qui n'avait plus brillé depuis longtemps, crève l'écran. L'ancien Legolas est charismatique au possible, dans la peau de cet inspecteur de police, tombé amoureux d'une fée malgré lui. Le charme de Cara Delevingne marche à plein et Jared Harris (déjà génial dans Chernobyl cette année) fait un parfait Chancelier.
Tout était donc réuni, pour faire quelque chose de grand. Quelque chose de grandiose. Seulement voilà, la magie n'opère pas, ou trop peu. Trop bavarde, trop lente, trop fastidieuse à suivre, Carnival Row semble malheureusement diluée au possible pour tenir 8 épisodes. Les intrigues avancent à pas de lutin et pendant longtemps, on se demande bien ce que la série a à nous raconter, hormis une scénographie féerique. L'histoire centrale met beaucoup (beaucoup) trop de temps à décoller et il y a clairement un problème de rythme. Pourtant, on a envie de s'accrocher et on est enfin récompensé de notre obstination quand arrive le dernier épisode, excitant, intelligent, et prometteur pour la suite. Car Carnival Row reviendra. La série a d'ores et déjà été renouvelée pour une saison 2. Reste à espérer que cette fois, les auteurs sauront tirer le meilleur de leur univers fantastique à plus d'un titre.
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