Ce soir, à 20h55, Dominique Besnehard propose, dans le cadre de son émission Place au cinéma, Charade de Stanley Donen. Une comédie policière portée par Cary Grant et Audrey Hepburn.
Stanley Donen n’est pas que le réalisateur de Chantons sous la pluie
On associe trop souvent l’ancien danseur et chorégraphe Stanley Donen, qui vient de nous quitter le 21 février dernier, à la comédie musicale. Certes, on lui doit des chefs d’œuvre du genre comme Chantons sous la pluie ou Mariage Royal (et sa scène de danse du sol au plafond). Mais le cinéaste s’est aussi essayé avec succès à bien d’autres genres. Charade est un modèle de comédie policière. La musique, ici, c’est le débit mitraillette des acteurs Cary Grant et Audrey Hepburn. Leurs dialogues ont souvent deux voire trois sens puisqu’ils servent autant à faire avancer l’intrigue qu’à nouer leur romance en se piquant. Le récit balade le spectateur de présomption en présomption tant et si bien qu’on qualifie souvent Charade de meilleur film hitchcockien jamais réalisé par Alfred Hitchcock.
Refusé sept fois, accepté sept fois
Quand Peter Stone et Marc Behm (un écrivain américain installé en France) ont proposé leur histoire intitulée The Unsuspecting Wife (la femme qui ne se méfie pas), sept studios de cinéma (dont Universal) ont refusé le projet. Peter Stone a alors eu l’idée de le transformer en roman et de le rebaptiser Charade. Quand Charade a été publié en feuilletons dans un magazine, les mêmes sept studios se sont alors jeté dessus.
Voir Paris dans les années 1960
C’est formidable de revoir ou de découvrir Paris dans les années 1960 puisque le cinéaste a tourné dans la capitale en décors naturels à l’automne 1962. On peut voir dans le film des lieux méconnus qui existent encore comme le théâtre de Guignol du Jardin des Champs-Elysées, le mythique marché aux timbres qui se tient sur le Rond-Point. C’est aussi l’occasion de voir un Paris disparu : celui du métro avec ses poinçonneurs, ses banquettes en bois et son panneau « Interdit de fumer et de cracher », la cour d’honneur du Palais-Royal avant les colonnes de Buren. A noter, une scène de course-poursuite d’anthologie dans la Comédie-Française.
Cary Grant se jugeait trop vieux
Le séducteur du cinéma américain approchait de la soixantaine et ne se voyait pas jouer les amoureux avec une comédienne de 25 ans sa cadette. Il a donc dit d’abord non au film, comme il avait refusé Sabrina en 1954 et Ariane en 1957 pour les mêmes raisons. Mais il a finalement cédé, en demandant que quelques répliques soient ajoutées pour souligner cette différence d’âge. Il a néanmoins refusé une chose : la scène de douche. Par coquetterie, il ne voulait pas montrer son torse. Il a donc été décidé qu’il se doucherait tout habillé. Cela s’est révélé une des scènes les plus drôles du film.
Audrey Hepburn, la classe en Givenchy
Formidable actrice à la fois profonde et charmeuse, Audrey Hepburn est la dernière star de l’époque mythique d’Hollywood. La plus aimée, aussi puisque la comédienne a fait sien le combat pour l’enfance maltraitée. On ne peut dissocier Audrey Hepburn de sa silhouette élégante magnifiée par les tenues créer pour elle sur mesure par le couturier français Hubert de Givenchy. Avec Charade, ils fêtent leurs dix ans de complicité. La petite robe noire et le grand chapeau de Diamants sur canapé, c’est lui. Ici, Audrey Hepburn enchaîne les changements de tenue scène après scène alors même que son appartement a été dévalisé et que ses placards ont été vidés au début du film. Peu importe la crédibilité, le style est là !
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