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Porté par des comédiens étonnament justes (Luca Zingaretti ou Laura Chiatti), "A casa nostra" relève de l'autopsie: des sentiments, du cynisme et de la perte de repères d'un pays.
Toutes les critiques de A Casa Nostra
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Aurélien Ferenczi
(...) A casa nostra est un film choral, un de plus, mais d’une noirceur sans pareille. (...)Pour Francesca Comencini, cinéaste engagée, il s’agit à travers une chronique politico-policière de stigmatiser la déshumanisation générale, le triomphe du système marchand, la perte des valeurs – magnifique portrait de vieux professeur contraint de vendre ses livres anciens.
- Le Mondepar Jean-Luc Douin
(...) Francesca Comencini est une humaniste. Et A Casa Nostra, un film de femme, qui ne voit d'avenir vivable qu'avec un bébé dans un ventre, fût-il celui d'une prostituée radieuse comme une madone sur une table de la morgue. Le film est implacable, mais l'auteur sait lui donner un raffinement dans l'image et le son, et de beaux plans, comme celui du baiser des vieux mariés. Là, d'ailleurs, est son message : réapprendre la transparence, la loi du coeur, le désir de construire.
- Pariscopepar Arno Gaillard
Etrangement le cinéma de Melville plane sur cette belle œuvre. Francesca Comencini filme merveilleusement la ville et ses citadins enfermés dans leur mal de vivre. Devant sa caméra :une femme qui a perdu un enfant et ne s’en remet pas, un top model qui souffre de ne pas pouvoir être anorexique, un magasinier qui travaille pour la maffia, un pompiste amoureux d’une prostituée, un bibliophile obligé de vendre ses livres rares pour régler ses impôts.
- Ellepar Florence Ben Sadoun
Cet énième film choral, où la vie de l'une s'entrelace dans celle de l'autre, ne scotche pas le spectateur sur son fauteuil, mais se laisse regarder gentiment. Les rebondissements croisés ont d'ailleurs moins d'interêt que l'entité de chacune des petites histoires que nous raconte Francesca Comencini, l'autre fille du réalisateur Luigi Comencini.
- Paris Matchpar Christine Haas
La narration circulaire englobe toute une collection d'individus désaccordés qui entrent dans la ronde avec leurs imperfections. Mais les trajectoires trop fragmentaires se contentent d'aligner les clichés sur la corruption du pouvoir sans évoluer dramatiquement. La colère de Francesca Comecini affleure, mais son film bouscule sans convainvre.
- Fluctuat
Il y a les usines à tubes, à blockbusters, désormais il faut compter aussi sur celles à films d'auteur avec comme fer de lance, le film choral. Un archétype du genre dont l'Italie avec A Casa Nostra vient de trouver son meilleur représentant.
- Exprimez-vous sur le forum A Casa NostraOn n'est pas les premiers à être blasés de voir le film choral devenir un véritable label de cinéma. A se demander si à divers endroits du globe ne se cachent pas désormais des usines à produire du film choral, avec des scénarios livrés clé en main toujours prêts à s'adapter à n'importe quel contexte social, politique, géographique ou historique. Après donc Hollywood (Short Cuts, Magnolia, Collision, Babel), le Mexique (Amours Chiennes), la France (claude lelouch, Fauteuils d'orchestre), Hong-Kong (Chungking Express, Fallen Angels), l'Autriche (71 fragments d'une chronologie du hasard), le tout dans le désordre, en en oubliant et avec deux chefs d'oeuvre asiatiques au milieu malgré tout, voici la version italienne, A Casa Nostra de Francesca Comencini. Et autant dire d'emblée qu'elle cumule toutes les tares du genre avec une force étonnante.Fragments de vieLe problème du film choral c'est que sa structure est un fabuleux palliatif. Plus qu'être un patron ou un genre, il permet à son promoteur d'éviter de s'aventurer trop près de son sujet. C'est la construction du récit qui dicte le sens, qui de manière générale est toujours le même. Peu importe alors le sujet, les personnages, la vision du monde est systématiquement, à peu de choses près, identique. Tout est lié, connecté, l'espace et le temps dans lesquels évoluent les êtres se conjuguent forcément dans une grande scène finale où ils se croisent et où toute la symbolique du film éclate au grand jour. A Casa Nostra n'échappe donc pas à la règle. Francesca Comencini y filmant, à Milan, les fragments de vies d'une multitude de personnages (un homme d'affaire véreux et ses hommes surveillés par une flic et ses collègues, un ancien repris de justice amoureux d'une prostituée de l'est, un top model et son amant, un retraité ayant du mal à payer ses impôts - véridique - et sa femme, son fils, on en oublie), avec comme seul point commun, l'argent. Tous sont évidemment liés d'une manière ou d'une autre et tous vont se retrouver par la force du hasard (fabuleux le hasard), à la fin sans le savoir. On appelle ça aussi le destin.Grosses ficèlesLe problème de A Casa Nostra est qu'il cumule tellement bien les poncifs du film choral que sa vague idée, son squelette, à savoir soumettre une image du monde à celle de la pieuvre symbolisant la mafia italienne (avec à chaque tentacule un personnage), échoue lamentablement. Francesca Comencini peine laborieusement à faire émerger une quelconque idée de son récit qui n'obéisse à son simple postulat, le rapport pervers à l'argent. Festival de personnages limites abstraits, si peu filmés, si vite oubliés, trop rapidement noyés par une structure qui ne leur donne jamais le temps d'exister, A Casa Nostra est un modèle de cinéma qui n'ose s'avouer son immaturité et son recyclage. Sa mécanique forcée et pesante laisse transparaître en permanence ses ficèles, lourdes, grossières, ultra signifiantes. Comencini essaie parfois de diverger, de laisser pointer quelques moments d'humanité, des gestes, des regards, pour casser cette machine dans laquelle l'homme essaie de survivre. Mais en vain.A Casa Nostra est si confortablement assuré de sa légitimité par son style emprunté (jusqu'à l'inévitable séquence sur fond de musique mélancolique, passage obligé), qu'il s'évite d'avoir à penser ou à filmer. Parfois presque incompréhensible, tellement il se perd à regarder son panel de personnages sans savoir vraiment où aller, il en devient limite insultant pour eux lorsqu'il nous avoue qu'ils ne sont finalement là que pour valider une thèse complètement creuse. Comencini a certainement voulu montrer une photographie des rouages complexes de l'Italie d'aujourd'hui, la manière dont l'économique supplante le politique ou le social (chose désormais universelle), comment les êtres sont pris dans un rouleau compresseur où leur vie ne leur appartient plus, comment naît ou s'organise la corruption, sauf que son amateurisme ne trompe pas. Sa pauvre petite idée du destin des êtres et des choses est même d'une médiocrité assez pathétique car pire que tout, elle l'a piquée à d'autres. A Casa Nostra
De Francesca Comencini
Avec Valeria Golino, Luca Zingaretti, Giuseppe Battiston, Luca Argentero
Sortie en salles le 18 avril 2007 Illus. © MK2 Diffusion
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