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Un premier long est souvent le rendez-vous d’un trop-plein d’envies, au cas où il n’y ait jamais de deuxième fois. Bien que récompensé du Grand Prix à Cannes cette année, le film de Mati Diop n’évite pas cet écueil. Atlantique démarre en effet comme un quasi-documentaire sur une réalité tragique : ces Africains qui quittent leurs pays sur des embarcations de fortune, voués à une mort presque certaine dans l’Atlantique en rêvant d’un monde meilleur en Europe. Parmi eux, il y a Souleiman, éperdument amoureux d’Ada, promise à un autre. Lui et ses collègues, sans salaire depuis des mois, partent donc une nuit sur une barque, dont on apprend vite qu’elle a sombré en mer. Jusqu’à ce qu’un soir, celui du mariage d’Ada, un incendie dévaste la maison où se produit la fête et de nombreuses fièvres inexpliquées s’emparent des personnes présentes... avant qu’on annonce à Ada avoir vu Souleiman rôder. Comme de retour des morts pour se venger des vivants. Mati Diop ne manque pas d’atouts pour s’aventurer dans cet exercice d’équilibriste entre réalisme et onirisme. À commencer par sa manière de filmer l’océan pour en faire un personnage à part entière de cette histoire. Le geste ne manque donc ni de panache ni d’ambition. Et pourtant, quelque chose ne fonctionne jamais tout à fait. Sans doute parce qu’on devine à l’avance chaque rebondissement. Et que par ricochet, tout paraît un peu trop scolaire, un peu trop fabriqué, un peu trop souligné. Et son scénario trop ténu finit par affaiblir l’atmosphère qu’elle a su insuffler à l’écran.