Toutes les critiques de Babel

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Ce troisième long métrage d’Alejandro González Iñárritu monte encore d’un cran l’ambition universelle d’un système narratif mis au point avec Amours chiennes et poursuivi avec 21 Grammes. Plus que jamais, le destin y favorise les connexions entre personnages qui n’ont apparemment rien à voir. (…) Iñárritu a convoqué pour y arriver les savoir-faire de ses collaborateurs habituels. Tous se sont surpassés pour élaborer un tableau polyphonique d’une cohérence stupéfiante. (…) Paradoxalement, cette virtuosité peut jouer contre Babel: certains le trouveront trop calculé,. L’objection est balayée par les visions répétées: bien plus que les précédents films d’Iñárritu, celui-ci gagne à être revu. Et s’impose comme l’un des meilleurs films de l’année.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Babel, palme de la mise en scène, ou palme du film le plus balourd de l'année ? A vous de voir, nous c'est tout vu. Avec ses prétentions symboliques grandiloquentes et sa mise en scène inexistante saturée de digressions interminables, le nouveau Alejandro Gonzalez Inarritu a usé notre patience. Promis, après celui-là on arrête.
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    - Babel en images : la galerie photosSoyons clair et concis. Babel ne mérite pas les éloges qui lui ont été attribuées, surtout à Cannes pour son incompréhensible prix de la mise en scène qu'on devrait prendre le temps de démonter scientifiquement. Si on avait déjà peu été séduit par les effets de manche d'Alejandro Gonzalez Inarritu dans Amours chiennes ou 21 grammes, avec ses constructions narratives faussement sophistiquées, ses montages parfois invraisemblables et son symbolisme pompier, Babel touche le fond et bien. Comment est-ce possible, où est l'erreur du jury cannois, comment le film peut-il faire autant illusion ? On ne sait trop comment répondre tant le résultat est désarmant et tant Iñárritu se complait ici dans une prétention inouïe au tragique et à une sur-signification pseudo philosophique de bazar démesurée.Dès les premiers plans, le film tend sa note d'intention : deux jeunes frères marocains voient leur père acheter un fusil. Rapidement l'arme devient sujette à convoitise et mobile d'une petite compétition tournant au drame lorsque le plus jeune tire sur un bus. La balle atteint une touriste américaine (Cate Blanchett) en vacances avec son mari (Brad Pitt), qui va tout faire pour la sauver alors que l'accident provoque un incident diplomatique et qu'on sait leur couple en crise. Pendant ce temps, leurs enfants sont emmenés par leur nourrice au Mexique, celle-ci devant assister au mariage de son fils. Et au Japon, une jeune fille sourde et muette, ravagée par le suicide de sa mère et l'absence de son père, fait tout pour attirer l'attention des hommes. Là, on sait de suite que tout ça va très mal se dérouler, et évidemment que tout est lié. Quant à celui qui a vu Winchester 73 d'[people rec="0"]Anthony Mann[/people], il devinera vite que cette succession de scènes mises bout à bout représente une prétendue vision cabalistique du monde où chaque action entrerait en résonance avec une autre. Soit une idée du destin qui se résumerait par : il n'y a pas de hasard, que des conséquences. Certains oseront même dire effets de globalisation. Balaise.Comme on n'a pas forcément vu le film de "Anthony Mann" rec="0", admettons que cette variante - dont la construction repose sur l'effet papillon et sur une idée du décalage horaire (chaque segment géographique a lieu au même moment et la narration tente de créer une temporalité universelle prenant en compte les décalages) - fasse illusion et qu'on puisse s'intéresser à ces personnages. Ce qui n'est pas gagné étant donné que leur existence est entièrement soumise au seul sens du dispositif. Mais soit. Où nous mène alors l'habile et étourdissante construction de Babel ? A une très approximative vision tragique de l'humanité où l'interdépendance de nos actes prendrait des conséquences insoupçonnables. Au final, la vérité n'est pas là où on le croit, l'innocence est bafouée, l'Amérique paranoïaque, la jeunesse nippone paumée et livrée à elle-même ; les familles disloquées ne se parlent plus, les immigrés clandestins sont des victimes du capitalisme global, le monde est devenu instable alors que tout semble connecté, mais il nous reste l'amour luisant dans la nuit noire. Bonne nouvelle.Passée l'implacable vision schématique de Babel, on ne peut passer sur son absence de mise en scène. Plutôt que faire quatre films, Alejandro Gonzalez Inarritu a choisi de n'en faire qu'un (c'est son projet). Problème, chaque partie ne se tient ni dans le tout ni en soi. Sauf peut être l'histoire japonaise, parfois émouvante et qui aurait mérité un film à elle seule, le reste n'est que digression interminable pour arithmétique du propos global. Très vite plombant d'ennui, totalement prévisible et à renfort de justification scénaristique grossière ou de parti pris risible (le montage son dans le club à Tokyo), chaque segment triomphe par le vide, sa lenteur et l'unique présence d'une caméra qui filme ses personnages comme pour capter un panel de sujets.Maintenue à distance par une mise en scène qui croit coller aux corps, aux visages et aux lieux avec le réalisme journalistique comme seule fin en soi (ou presque), Babel laisse une désagréable impression de pensum théorique où l'on voudrait observer l'humanité à la loupe avec une abstraite rigueur scientifico-humaniste. La lourdeur du propos -qui aurait pu passer pour naïf s'il n'avait de telles prétentions philosophiques-, est ainsi constamment contaminé et aggravé par un parti pris formel crâneur, inexistant et injustifié en vu de ce qu'il produit. Cette manière de s'autoproclamer grand auteur, avec une grandiloquence stylistique excessive où ne s'enchaîne que du déjà-vu se donnant l'allure de l'originalité suprême, fait des 2h25 que dure Babel un long calvaire. Palme du film le plus balourd de l'année, haut la main.Bande Annonce (anglais):
    Babel
    Réalisé par Alejandro González Inárritu
    Avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal
    Sortie en France : 15 novembre 2006[Illustations : © MarsDistribution]
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