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A la Maison Blanche, House of Cards, Borgen, Scandal, Baron Noir... Depuis une quinzaine d'années, les fresques politiques ont fait du petit écran leur principal terrain de jeu. Santiago Mitre, lui, a choisi le cinéma pour examiner les coulisses du pouvoir et dérouler un drame aux accents coppolesques, dans lequel un chef d’État sombre dans la tourmente médiatique lors d'un sommet primordial pour le destin économique de son pays. En marge de négociations à couteaux tirés, il est rattrapé par des magouilles financières opérées par son gendre au détriment de sa fille instable. La vraie force du film réside dans sa volonté de prendre le genre à contre-pied, évitant de starifier l'homme politique façon Frank Underwood. Le cinéaste préfère tirer le portrait d'un homme fragile, tiraillé entre sa mission politique et ses fêlures personnelles : à l'ombre des spotlights, au fin fond d'un jet privé ou cloîtré dans une chambre d'hôtel, Hernan Blanco (brillamment incarné par Ricardo Darin, le De Niro argentin) est un monolithe qui se fissure dangereusement. Face à ses troupes, le chef de meute reste impassible mais les yeux gris acier de son interprète laissent transparaître la détresse de l'humain derrière le requin politique. Alternant caméra à l'épaule dans les scènes les plus intimes et amples mouvements de caméra à la Scorsese pour décrire la mécanique du cirque médiatique, Santiago Mitre dévoile un envers du décor très éloigné de la politique spectacle en rotation sur les chaînes d'infos en continue. Dommage que le film baisse de régime dans un acte final trop diffus, qui laisse en suspend un élément clé de l'intrigue familiale.